François Bayrou a jugé, vendredi 7 février, « trop étroit » un débat sur le droit du sol comme suggéré par son ministre de la justice, Gérald Darmanin, et souhaité un débat « plus large » sur « qu’est-ce que c’est qu’être Français », lors d’un entretien sur RMC.
« Qu’est-ce que ça donne comme droit ? Qu’est-ce que ça impose comme devoir ? Qu’est-ce que ça procure comme avantages ? Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ? A quoi croit-on quand on est français ? », a ajouté le premier ministre qui a fait récemment polémique en évoquant un « sentiment de submersion » migratoire. « On peut entrer dans un débat, il faut réfléchir à la manière dont [il] est organisé » mais « on ne va pas tout repousser » à la prochaine élection présidentielle, a-t-il dit.
Plus tôt vendredi, Elisabeth Borne, la ministre de l’éducation nationale et numéro deux du gouvernement, s’est prononcée sur RTL contre l’idée de Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour réformer l’accès au droit du sol. « Je n’y suis pas favorable », a déclaré l’ex-première ministre. « Je pense que ce que les Français attendent de nous, ce sont des actes et pas de renvoyer à une future modification constitutionnelle », a-t-elle estimé.
« Besoin de mesures fortes »
L’Assemblée nationale a adopté, jeudi soir, une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, lors d’une séance particulièrement houleuse. Gérald Darmanin s’est dit favorable à l’abrogation pure et simple du droit du sol à Mayotte. Le garde des sceaux a par ailleurs estimé « que le débat public [devait] s’ouvrir sur le droit du sol dans notre pays », et qu’il fallait sur le sujet une réforme de la Constitution, via un référendum ou à l’occasion de la prochaine élection présidentielle.
« Je me réjouis que Bruno Retailleau [le ministre de l’intérieur] s’attaque au démantèlement des réseaux de passeurs. Et on a des tas de dispositions, notamment des décrets qui restent à prendre sur la loi immigration qui avait été adoptée fin 2023 », a affirmé Elisabeth Borne. Elle a toutefois soutenu la proposition de loi tout juste adoptée concernant Mayotte. « Je pense qu’on a besoin de mesures fortes pour limiter l’immigration illégale à Mayotte » et « ça peut être aussi une des mesures de restreindre les conditions d’accès au droit du sol ».
Saluant aussi cette proposition de loi sur LCI jeudi soir, Bruno Retailleau a, lui, jugé que Mayotte, comme la Guyane, sont un « exemple incroyable sur un petit territoire d’une société totalement déséquilibrée par les flux migratoires ». « Aucune société, quelle que soit la culture, ne peut supporter une proportion où il y a, comme le disait le premier ministre, une submersion. »