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Le rendez-vous a été fixé à 8 heures. Depuis le salon bleu de l’Hôtel de Matignon, mardi 15 octobre, Michel Barnier devait réunir les différents représentants de son « socle commun », alliés de circonstance de sa coalition gouvernementale. S’agit-il d’arrondir les angles et d’apaiser les esprits entre ces personnalités si hétéroclites qui mêlent rivalités politiques et ambitions présidentielles ?

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Matignon jure que ce petit-déjeuner, qui a vocation à devenir hebdomadaire, n’a rien d’une réunion de crise. Assis au milieu de Laurent Wauquiez, le chef des députés Les Républicains (LR) ou de Gabriel Attal, son homologue de Renaissance, le premier ministre, assailli de critiques émanant de ses propres rangs, ne tapera pas du poing sur la table. Pas son genre, dit-on rue de Varenne. L’ancien commissaire européen prévoit, comme à son habitude, de ne rien dire. « C’est sa méthode, résume l’entourage du premier ministre. Ensuite, il tranche. »

Vétéran de la politique, Michel Barnier, 73 ans, tente de ne rien laisser paraître, mais ses proches qui connaissent le caractère irascible de l’ex-commissaire européen, le décrivent comme passablement agacé. Chef d’un gouvernement sans majorité, le locataire de Matignon doit composer avec les humeurs de ses propres soutiens. Aucun accord de coalition n’ayant été signé avant la formation de son gouvernement, chaque camp découvre, jour après jour, les initiatives de l’équipe Barnier et se sent libre de les contester.

Le souvenir douloureux de la loi « immigration »

Lundi, une partie des élus du camp présidentiel s’étrangle après avoir entendu, la veille, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, une macroniste, promettre une future loi « immigration » prévue pour début 2025. L’annonce n’est pas vraiment une surprise. Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur, ancien patron du groupe LR au Sénat, a déjà évoqué à maintes reprises son souhait de légiférer. Mais le projet ravive un souvenir douloureux pour la Macronie, qui s’était déchirée sur la précédente loi, votée en décembre 2023 avec les voix du Rassemblement national (RN). En quelques heures, le malaise s’installe.

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« On a adopté une loi il y a moins d’un an sur l’immigration, avec des mesures dont certaines ne sont pas encore en vigueur puisque les décrets ne sont pas encore sortis », fait remarquer Gabriel Attal sur France Inter. « Faire une loi pour une loi, ça n’a pas de sens », ajoute le président des députés Renaissance, jugeant le projet « pas prioritaire ».

« Cette annonce est une provocation », s’emporte Stéphane Travert, député (Renaissance) de la Manche auprès du Monde. « Si c’est pour ramener les horreurs censurées par le Conseil constitutionnel… », insiste ce proche d’Emmanuel Macron, rappelant que le projet de loi de 2023, durci par LR, comprenait des cavaliers législatifs et des dispositifs visant à systématiser la préférence nationale qui avaient été largement rejetés par le Conseil constitutionnel.

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