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Histoires Web mercredi, septembre 3
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Pourquoi discuter des symboles, notamment des devises, de la République française, dans un contexte caractérisé par des urgences de tout ordre ? Est-ce un écran de fumée, une diversion ou une respiration nécessaire pour ne pas nous asphyxier dans la poussière de l’histoire ?

La controverse suscitée par la proposition de la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne, d’inclure les femmes dans la devise inscrite au fronton du Panthéon est intéressante parce qu’elle nous met à l’épreuve, notamment dans notre rapport à ce qu’est être républicain. Elle ouvre un questionnement sur l’utilité des symboles dans les politiques publiques, sur la manière de rester fidèles aux principes fondamentaux de la République française et sur la pertinence d’associer les citoyens et les citoyennes à la formulation du récit national.

Pour prendre au sérieux la polémique sur la déclaration de la ministre de l’éducation nationale à la veille d’une rentrée scolaire marquée par les restrictions budgétaires, il faut l’inscrire dans un débat plus ancien. Dans son avis « Pour une révision constitutionnelle garante de l’égalité femmes-hommes » d’avril 2018, dont j’étais rapporteuse, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes invitait à reformuler le « sujet » du politique défini par le dernier terme de la devise républicaine en remplaçant la « fraternité » par l’« adelphité », un mot grec désignant les enfants nés de la même mère quel que soit leur sexe.

Domination et violences

Le terme « solidarité » a aujourd’hui ma préférence, dans la mesure où il permet de sortir de l’analogie familiale et de ce qu’elle véhicule en termes d’entre-soi non choisi et potentiellement source de domination et de violences. Le choix du terme « solidarité » permettrait, de plus, de dire à « qui » et « comment » on applique les principes de « liberté » et d’« égalité » – en écho à la décision du Conseil constitutionnel du 6 juillet 2018 reconnaissant la fraternité comme un principe à valeur constitutionnelle et en déduisant « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans condition de la régularité de son séjour sur le territoire national ».

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