Ils ont moins de 35 ans et, le samedi après-midi, ils jouent au bridge

« Tu fais quoi samedi après-midi ? » En réponse à cette question hebdomadaire, on a l’habitude d’entendre : du sport, du repos après la soirée de la veille, la préparation de la suivante, du shopping, un départ en week-end… « J’organise une séance de bridge avec des copains », voilà ce qu’y répond Anna, 35 ans, directrice d’un média culturel. Dans l’imaginaire, ce jeu renvoie à l’Ehpad, avec des plus de 80 ans assis autour d’une table à la cantine. On devine l’odeur du nettoyant de surfaces, les dernières miettes du déjeuner, Francine piquer du nez parce que la partie grignote sur l’heure de la sieste. Un cliché poussiéreux qui fait rire Anna. « C’est vrai qu’autour de moi tout le monde trouve cet intérêt fascinant », dit-elle, avant de soutenir mordicus que, si les vieux sont nombreux autour du jeu, les jeunes y jouent depuis toujours : « La preuve, les bridgeurs retraités d’aujourd’hui ont appris à l’école, il y a quarante-cinquante ans… » Si l’on veut la preuve que des moins de 40 ans s’y amusent, on n’a qu’à venir assister à quelques parties. Rendez-vous est pris samedi à 16 heures, dans son appartement, avec un goûter à la clé.

A notre arrivée, tout le monde est déjà installé devant un tas de cartes vintage. A côté d’Anna (les quatre amis n’ont donné que leur prénom), il y a Hugo, 32 ans, chef de projet dans une exploitation de cinéma, Apolline, 33 ans, employée dans le conseil, et Wilhelmine, 22 ans, étudiante en dentaire. Quatre, le minimum de joueurs requis pour une partie de bridge, qui se joue par paires.

La plus jeune du groupe, surnommée Will, s’y est mise grâce à sa mère, qui lui a enseigné les rudiments avant de l’inscrire, en 6^e, en colo de bridge. Dix ans plus tard, elle est championne de France et d’Europe, dans la catégorie des femmes de moins de 26 ans. Après avoir goûté au jeu par l’intermédiaire d’une collègue, Apolline s’était inscrite aux cours du dimanche soir à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), dispensés uniquement aux jeunes par la Fédération française de bridge. Anna, doyenne de cette partie, a débuté grâce à Apolline, qui est une amie d’enfance. Toutes deux ont d’ailleurs des pères mordus de bridge, mais qui ne leur ont jamais transmis les notions.

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