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« Longtemps, j’ai été persuadée de ne pas avoir droit à la sexualité », pose sobrement Anne (le prénom a été modifié). Depuis l’âge de 7 ans, cette Francilienne lutte contre des douleurs abdominales, des altérations de poids et des diarrhées impérieuses engendrées par la maladie de Crohn. Celle qui est aujourd’hui sexagénaire l’explique sans détour : cette pathologie inflammatoire de l’intestin a « hanté » sa sexualité, par crainte de « l’accident ». Jusqu’à la pousser, un temps, vers le repli affectif. « Lorsque vous appréhendez le trauma de la souillure durant l’acte, le célibat apparaît parfois comme l’unique porte de secours, explique-t-elle. Il m’a fallu des années pour surmonter ces peurs et apprendre à me sentir désirable. » Et ce, grâce à un patient travail mené auprès d’hypnotiseurs et de psychothérapeutes.

Des pistes d’abord explorées à tâtons puis grâce aux conseils prodigués sur le site associatif AFA Crohn RCH France – le corps médical n’a jamais, en plusieurs décennies de suivi, évoqué « l’emprise muette de la maladie » sur son intimité. Un défaut de prise en charge auquel se heurtent de nombreuses personnes porteuses de maladies chroniques, qui concernent 37 % des Français de plus de 15 ans, soit 19 millions d’individus en 2012, selon le ministère de la santé.

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