Alors qu’Israël intensifie en toute impunité son entreprise de destruction d’un peuple, et accélère sa colonisation de la Cisjordanie pour entraver toute possibilité d’un Etat palestinien, nous ne pouvons rester spectateurs. La décision du président de la République de reconnaître l’Etat palestinien lors de la prochaine assemblée générale des Nations unies [en septembre] est donc tout à fait opportune. D’autres partenaires ont suivi. Dans le contexte actuel de non-respect du droit international cependant, l’annonce est insuffisante.
La déclaration finale de la conférence coprésidée par la France et l’Arabie saoudite fin juillet à l’ONU [Organisation des Nations unies] prévoit une reconnaissance graduelle et conditionnée de l’Etat palestinien, alors qu’il y a urgence à agir. Si des engagements sont requis pour un Etat viable, une reconnaissance immédiate et unilatérale n’en demeure pas moins un acte de foi politique, face à la négation de ce droit par Israël.
Il est temps que la France reprenne l’initiative sur cette question – dix ans après la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la Suède, un an après l’Espagne, l’Irlande, la Slovénie et la Norvège. Le respect du droit international, autrefois notre boussole diplomatique, menace de céder sous l’effet du scepticisme ou de l’hostilité de divers acteurs sur le plan international, comme de la priorité donnée aux intérêts et aux alliances. Notre position légaliste sur l’Irak en 2003 se retrouve vis-à-vis de l’Ukraine, mais fait défaut au Moyen-Orient, où nous sommes accusés de faire « deux poids, deux mesures ».
Hésitations et confusion
Ce changement profond compromet notre image et notre influence dans le monde. Jugée hier indépendante et équitable, notre diplomatie est aujourd’hui moins audible. Quand dans l’Union européenne [UE], d’autres pays prennent des positions plus avancées que les nôtres sur le conflit israélo-palestinien, beaucoup dans la région du Moyen-Orient se sentent déçus, voire trahis.
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