Depuis maintenant plus d’un an, nous subissons l’incertitude et les revirements imposés par le jeu politique. Alors que le monde se transforme, se durcit, s’enflamme même, nous sommes autant à l’arrêt qu’à l’aveugle. Le budget devient un mur infranchissable, et, pendant ce temps-là, rien ne se passe. Impossible dans ces conditions pour nos entreprises d’investir, de recruter, de former, en somme, de se développer avec une vision de long terme.
Comment débloquer la situation ? En prenant chacun notre part de l’effort. C’est à nous, entreprises, et en particulier les plus grandes, de montrer la voie. La nécessité d’assainir nos finances publiques ne fait pas de doute : nous devons renouer avec un déficit soutenable pour que la première dépense budgétaire de notre pays ne soit pas durablement le remboursement des intérêts de la dette.
Mais soyons lucides : un trop grand sentiment d’injustice sociale rendra vaine toute tentative de redressement. Aucun budget ne sera voté si une majorité de nos concitoyens pense que l’effort pèse trop fortement sur les ménages, notamment les plus modestes.
Pour ce qui concerne les entreprises, la politique de l’offre s’est traduite par 30 milliards d’euros de baisse de la fiscalité depuis 2017 et par une enveloppe d’allègements de charges annuelles qui a atteint 80 milliards d’euros. Elle a produit des résultats indéniables en termes de croissance et de diminution du chômage et, à l’heure d’une guerre commerciale débridée, la nécessité de préserver une compétitivité suffisante est évidente.
Il ne serait pourtant pas raisonnable de prendre le risque d’un blocage total qui, bientôt, débouchera sur une colère dévastatrice aux conséquences non maîtrisables. Nous devons envisager des approches budgétaires nouvelles pour nous permettre une respiration, y compris par réalisme politique et économique.
Donner l’exemple
Les entreprises et leurs représentants se doivent d’aider la communauté nationale à adopter un budget. Il en va de notre responsabilité et de notre intérêt de donner l’exemple d’une contribution à l’effort de redressement. Des solutions existent pour concilier maîtrise budgétaire et transformations décisives. Alors qu’un rapport sénatorial a évalué à 210 milliards les aides aux entreprises, avec une grande difficulté à établir ce chiffre et à en mesurer les effets, il n’est pas interdit de chercher à être plus rigoureux.
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