Meilleures Actions
Histoires Web jeudi, février 13
Bulletin

Les constructeurs automobiles japonais Nissan et Honda ont officialisé, jeudi 13 février, l’abandon de leurs discussions en vue d’une fusion, entamées en décembre pour unir leurs forces dans l’électrique, et qui se sont heurtées à la volonté de Honda de prendre le contrôle de la nouvelle entité.

Nissan, en sérieuses difficultés financières, avait ouvert à la fin de 2024, avec Honda, des négociations en vue d’un mariage pouvant donner naissance en 2026 au troisième constructeur mondial. Cependant, « les deux groupes ont conclu que, pour privilégier la rapidité des prises de décision et leur exécution dans un environnement de marché de plus en plus volatil (…), il serait plus approprié de cesser les pourparlers et de résilier le protocole d’accord », ont-ils annoncé dans un communiqué commun.

Cette issue était largement anticipée : le conseil d’administration de Nissan s’était prononcé dès la semaine dernière pour l’arrêt des discussions, selon une source proche du dossier à l’Agence France-Presse (AFP).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le rapprochement Honda-Nissan guidé par l’urgence de s’engager dans l’électrique et la souveraineté industrielle

Termes proposés par Honda « pas acceptables »

L’objectif initial était d’associer les forces de Honda et de Nissan, respectivement deuxième et troisième constructeurs japonais derrière le leader mondial Toyota, et même d’y associer un troisième constructeur, Mitsubishi, afin de mieux négocier le virage coûteux et stratégique de l’électrique. Le secteur est dominé par l’américain Tesla et les constructeurs chinois comme BYD ; les groupes nippons, focalisés jusqu’ici sur les hybrides (associant motorisations thermique et électrique), ont pris un retard considérable.

Dopée par l’essor du tout-électrique, la Chine a dépassé le Japon comme premier pays exportateur de véhicules en 2023. Alarmés par leur retard, Nissan et Honda avaient dévoilé dès mars 2024 un « partenariat stratégique » pour les logiciels et les équipements de véhicules électriques. « A l’avenir, Nissan et Honda collaboreront dans le cadre d’un partenariat stratégique pour affronter l’ère des véhicules électrifiés et intelligents », ont-ils assuré jeudi.

Un mariage de Nissan et Honda aurait permis de dégager des économies d’échelle pour financer à la fois la recherche et l’évolution de l’outil industriel. La perspective initiale était de les regrouper dans une holding unique avec une seule cotation. Néanmoins, Honda, en position de force et dont la capitalisation boursière est cinq fois supérieure à celle de Nissan, a finalement réclamé de transformer Nissan en simple filiale, un scénario inacceptable pour ce dernier, soucieux de préserver son autonomie.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Automobile : « Nissan est désormais plus seul que jamais »

« Diverses options ont été envisagées concernant la structure de l’intégration commerciale. Honda a proposé de modifier la structure [projetée], en passant d’une société holding commune (…) à une structure où Honda serait la société mère, et Nissan la filiale, par le biais d’un échange d’actions », a détaillé le communiqué commun. Le français Renault, qui détient 35 % du capital de Nissan, a jugé jeudi que les termes proposés par Honda – sans offrir de prime de contrôle – n’étaient « pas acceptables », et a salué « l’intention de Nissan de se concentrer avant tout sur l’exécution de son plan de redressement ».

Le Monde Guides d’achat

Gourdes réutilisables

Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables

Lire

« Nous continuerons à soutenir Nissan dans les projets en cours », a assuré à l’AFP une porte-parole de Renault. « Nissan semble mettre l’accent sur son indépendance et sa liberté de décision en matière de stratégie », ce qui, « pour Honda, ne maximisait pas forcément les économies d’échelle » recherchées, observe Yoshitaka Ishiyama, analyste chez Mizuho Securities.

Essoufflement du marché

Ce rapprochement était perçu comme providentiel pour Nissan, massivement endetté et dont la marge opérationnelle a fondu. Sous pression, il avait annoncé en novembre supprimer 9 000 postes dans le monde et tailler dans ses capacités, pour réduire les coûts et relancer ses ventes. Honda avait cependant d’emblée répété ne pas vouloir secourir son partenaire, sommé de concrétiser préalablement ses transformations structurelles.

Le constructeur en difficulté a annoncé jeudi anticiper, pour son exercice décalé 2024-2025, une perte nette de 80 milliards de yens (498 millions d’euros) sur fond d’effritement des ventes. Les analystes sondés par Bloomberg anticipent une perte nette annuelle trois fois plus importante. Nissan a par ailleurs réduit ses prévisions annuelles de bénéfice d’exploitation et de ventes, ne tablant plus que sur un chiffre d’affaires de 12 500 milliards de yens (77 milliards d’euros) pour l’exercice terminé à la fin de mars, contre 12 700 milliards auparavant (79 milliards d’euros).

Les perspectives mondiales du secteur restent maussades : les constructeurs nippons sont confrontés comme les autres à un essoufflement du marché mondial, leurs ventes plongeant en Chine, et à la transition compliquée dans l’électrique. Honda s’efforce de résister : son bénéfice d’exploitation d’octobre à décembre a déçu, en petite hausse de 4,7 %, pour un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros (+ 2,6). Sur l’ensemble de l’exercice, il prévoit des ventes automobiles stagnant en Asie et en Amérique du Nord et reculant nettement au Japon et en Europe.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.