On l’avait rencontrée en 2019. Actrice doublement césarisée (en 2008, meilleur espoir féminin pour son rôle dans La Graine et le Mulet, d’Abdellatif Kechiche, et en février César de la meilleure actrice pour Borgo, de Stéphane Demoustier), elle passait tout juste derrière la caméra pour un premier film, Tu mérites un amour, présenté à la Semaine de la critique. Deux ans plus tard, son Bonne mère était sélectionné à Un certain regard. Cette année, c’est en compétition officielle qu’on retrouve Hafsia Herzi, 38 ans, pour un film audacieux, La Petite Dernière, adapté du roman de Fatima Daas (Noir sur Blanc, 2020) sur une jeune musulmane qui s’évade de sa cité pour vivre son homosexualité.
Aborder un tel sujet, est-ce une prise de risque ?
Quand j’ai lu le roman, je me suis dit, ce personnage, je ne l’ai jamais vu au cinéma. Je le connais dans la vie. En tant que fille qui a grandi dans une cité, je l’ai connu, mais je ne l’ai jamais vu représenté. C’est vraiment un personnage qui m’a bouleversée à la lecture, puis quand je le filmais. Plus les jours avançaient, plus je me disais, non, c’est un film important, il faut aller jusqu’au bout. On a besoin que des personnes qui vivent ça – en l’occurrence, je parle d’une fille mais cela pourrait être un garçon – puissent s’identifier, se sentir moins seules. Si ce film peut ouvrir le dialogue, amener un peu de tolérance… J’étais vraiment triste de finir le tournage, j’aurais aimé continuer.
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