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Histoires Web dimanche, avril 28
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Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme, a évacué Gaza, en novembre 2023. Cheville ouvrière des procédures lancées par les Palestiniens devant la justice internationale, cet avocat de 70 ans, rencontré à Paris, critique la position de la France face à Israël et le silence du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan.

Vous viviez à Gaza quand la guerre a commencé, le 7 octobre 2023. Pourquoi et comment êtes-vous parti ?

J’habitais dans le quartier de Tel Al-Hawa à Gaza, avec mon épouse et mon fils de 30 ans. Dès le début, les Israéliens ont demandé à tout le monde d’évacuer. Je suis resté. Le 18 octobre, une boule de feu a détruit notre maison. Je suis sûr que ce bombardement était délibéré. Nous avons alors déménagé chez mon frère, puis une autre fois dans une maison de famille. Quelques jours plus tard, une mosquée et un poste de police près de chez nous ont été bombardés. C’est là que j’ai décidé de quitter Gaza. Je suis parti vers le Sud, à Khan Younès, avec l’ONU, et puis, en novembre 2023, j’ai réussi à entrer en Egypte.

Que pensez-vous de la position de la France par rapport au conflit à Gaza ?

Je suis très déçu, consterné et choqué. Je ne comprends pas comment la République française, dont la devise « Liberté, égalité, fraternité » nous a tous inspirés, achète la version israélienne de l’autodéfense. Comment la France et l’Europe peuvent-elles se tenir aux côtés de l’Ukraine, contre l’invasion et l’occupation russes, mais appliquer le droit international de manière sélective dès qu’il est question de la Palestine ? Comment peuvent-elles dire que l’Ukraine a le droit de résister à l’occupation, mais soutenir que l’occupation criminelle et belliqueuse d’Israël relève de la légitime défense ? Appliquez-vous les anciennes règles romaines où il y avait des droits pour les maîtres et aucun pour les esclaves ? Sommes-nous les esclaves du XXIe siècle ? C’est kafkaïen !

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En janvier, à la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice (CIJ) a enjoint à Israël de ne pas commettre d’actes génocidaires. Une décision qui n’a pas été suivie d’effet…

L’Afrique du Sud a donné à l’Occident une leçon de morale et d’Etat de droit. Je suis fier de faire partie de son équipe juridique. La CIJ a ordonné des mesures provisoires, parce qu’elle a considéré que le risque de génocide était plausible. Malheureusement, les juges n’ont pas les moyens de faire respecter leur décision. Leur bras exécutif, ce sont les Etats, notamment l’Europe et les Etats-Unis. Et ces puissances ont seulement demandé à Israël de se conformer aux mesures de la CIJ. Elles n’ont rien fait pour l’y obliger. Ne pas forcer Israël à respecter le droit international, c’est accepter la loi de la jungle, c’est être complice du génocide, du déplacement forcé et de la famine.

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