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Emmanuel Macron a prévenu solennellement les Français, dans une allocution diffusée mercredi 5 mars au soir, qu’il faudra « des réformes, du choix, du courage » dans la « nouvelle ère » qui s’esquisse face à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.

« Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie », a lancé le chef de l’Etat dans un discours télévisé d’une quinzaine de minutes, à la veille d’un sommet crucial de l’Union européenne (UE) à Bruxelles pour acter un renforcement massif de la défense continentale.

Le président avait choisi de s’adresser à son pays afin, selon son entourage, de répondre à « une angoisse très forte chez les Français », et « transformer ces angoisses en volonté d’agir et d’avancer ».

Une « menace russe » qui « nous touche »

Il a tenté de mettre des mots sur la bascule géopolitique en cours depuis que le président américain, Donald Trump, a renoué le dialogue avec son homologue russe, Vladimir Poutine, décidé à mettre fin à tout prix à la guerre en Ukraine plus de trois ans après le début de l’invasion russe. « L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou », a lancé le président.

« Je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas », a expliqué Emmanuel Macron, décrivant une « menace russe » qui « nous touche » avec une « agressivité » qui « ne semble pas connaître de frontières ».

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Face à ces menaces, il s’est réjoui de voir l’UE franchir jeudi à Bruxelles « des pas décisifs » pour investir des centaines de milliards d’euros dans la défense européenne, en prenant des décisions que « la France proposait depuis plusieurs années ».

Mais il s’agira aussi d’un effort budgétaire difficile eu égard aux finances publiques très dégradées de la France, a-t-il laissé entendre. Renforcer les armées signifiera faire des « investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables », mais « sans que les impôts ne soient augmentés », a-t-il promis.

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Il a appelé politiques et partenaires sociaux à proposer des « solutions de demain » qui « ne pourront être les habitudes d’hier ». « La patrie a besoin de vous et de votre engagement », a encore dit le chef de l’Etat aux Français, prônant l’unité des Européens et vantant « la force d’âme d’une nation ».

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Une réunion des chefs d’état-major à venir

A la manœuvre ces dernières semaines, avec le premier ministre britannique, Keir Starmer, pour organiser l’unité des Européens et tenter de maintenir le dialogue transatlantique, il a aussi annoncé une réunion la semaine prochaine à Paris des « chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités » pour garantir une future paix en Ukraine, y compris, « peut-être, par le déploiement de forces européennes ».

Et s’il a confirmé vouloir « ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », il a tenté de rassurer en assurant que la décision d’engager l’arme nucléaire « a toujours été et restera entre les mains du président de la République ».

« Macron dit vrai. C’est un changement d’époque. Mais ceux qui nous ont mis dans l’impasse et ont idéalisé les USA ne doivent plus être suivis », a réagi sur X le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Juste après son allocution, Emmanuel Macron a reçu à dîner le premier ministre hongrois, Viktor Orban, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, et l’une des voix les plus dissonantes au sein de l’UE.

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Dissuader Trump de mettre en vigueur les « tarifs douaniers sur les marchandises européennes »

Après une altercation spectaculaire entre le président américain et son homologue Ukraine Volodymyr Zelensky, vendredi dans le Bureau ovale, et l’annonce, lundi, du gel de l’aide militaire américaine à Kiev, vitale pour tenir tête à Moscou, le dialogue semble se réengager.

Emmanuel Macron s’est entretenu avec les deux hommes, et mardi soir, dans un discours devant le Congrès américain, le locataire de la Maison Blanche a dit avoir reçu une lettre de Volodymyr Zelensky manifestant sa volonté de négocier « dès que possible » une « paix durable » avec la Russie.

Le dirigeant ukrainien avait exprimé cette intention quelques heures auparavant en proposant notamment de commencer par une « trêve dans les airs » et « en mer », reprenant une option avancée par le président français.

La possibilité d’un nouveau déplacement « à court terme » du duo franco-britannique à Washington, avec Volodymyr Zelensky, a même été évoquée mercredi matin par la porte-parole du gouvernement français, mais aussitôt démentie par l’Elysée, qui a assuré que ce n’était pas « envisagé à ce stade ».

Au-delà du dossier ukrainien, Emmanuel Macron a d’ailleurs dit qu’il espérait encore « dissuader » le président américain de mettre à exécution sa menace de « tarifs douaniers sur les marchandises européennes », une « décision incompréhensible tant pour l’économie américaine que pour la nôtre ».

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Le Monde avec AFP

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