Des rafales d’armes automatiques éclatent à une centaine de mètres. Les militaires bavardant au bord de la route reliant Slov’yanka à Dobropillia, dans l’est de l’Ukraine, n’y prêtent d’abord pas attention. Un vrombissement se fait entendre. Quelqu’un crie : « Drone ! » Un étourdi interroge : « Des nôtres ou ennemi ? » – question à laquelle avaient déjà répondu les armes du poste de contrôle voisin, tenu par l’armée ukrainienne. Les soldats courent se cacher sous les arbres et les buissons en contrebas. La munition rôdeuse poursuit sa course dans le ciel, puis disparaît.
Personne n’est certain de ce qui les a survolés. La scène se déroule à 20 kilomètres des premières positions russes, une distance jugée relativement sûre, puisque hors d’atteinte de la plupart des drones d’attaque ennemis.
« La situation dégénère rapidement, constate en se redressant Maxime, un officier de la 14e brigade d’assaut, Tchervona Kalyna (« viorne rouge »), non autorisé à donner son nom de famille. Ce drone était ailé. C’était soit un Molnia, soit un Matka. » Le militaire explique que ce dernier modèle est un « drone mère », porteur de quatre petites munitions rôdeuses (appelées aussi drones kamikazes). Le drone mère permet de doubler la portée des drones d’attaque russe. Il sert aussi à la reconnaissance aérienne et à guider ses « enfants » vers leur cible. « Nous avons vu le premier Matka il y a dix mois, mais, depuis, il a été amélioré et pullule. La route vers Dobropillia est très attaquée maintenant, il y a des véhicules pétés partout, y compris civils, parce que si les “enfants” ne trouvent pas de cible de haute valeur [blindés ou artillerie], ils se mettent à frapper n’importe quoi de vivant. »
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