L’Ukraine a subi, dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 septembre, une attaque aérienne record depuis le début du conflit lancé par Moscou en février 2022. La Russie a tiré plus de 820 drones et missiles entre samedi soir et dimanche matin, selon l’armée de l’air qui a affirmé avoir neutralisé 747 drones et quatre missiles.
Surtout, le siège du gouvernement d’Ukraine a été touché et en partie incendié. Dans un message sur X, Andrii Sybiha, le ministre des affaires étrangères ukrainien, affirme que « pour la première fois depuis le début de la guerre (…), la Russie a frappé le bâtiment du gouvernement ukrainien à Kiev. Cela constitue en soi une escalade grave ». Sur Telegram, la première ministre, Ioulia Svyrydenko, a écrit que « le toit et les étages supérieurs du siège du gouvernement ont été endommagés ». Elle a posté des images de flammes s’échappant de la façade de l’imposante bâtisse proche de la présidence et du Parlement. Des hélicoptères ont lâché de l’eau sur le toit du bâtiment abritant le conseil des ministres.
A la mi-journée dimanche, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé que le bilan était rehaussé à quatre morts et au moins 44 blessés. Parmi les victimes figure un enfant de 1 an, dont le corps a été extrait des décombres par les secouristes, a déclaré Tymour Tkatchenko, chef de l’administration militaire de Kiev. « De tels massacres, alors que la véritable diplomatie aurait pu commencer depuis longtemps, constituent un crime délibéré et une prolongation de la guerre », a déploré M. Zelensky.
Des débris de drones russes ont touché un immeuble d’habitation de neuf étages dans le district de Sviatochyne à Kiev et un autre immeuble d’habitation de quatre étages dans le district de Darnytsia, selon le maire, Vitali Klitschko. Plusieurs immeubles d’habitation élevés ont été endommagés dans l’ouest de la capitale, ont dit les autorités. La Russie a « délibérément et sciemment frappé des cibles civiles », a accusé Tymour Tkatchenko.
« L’Ukraine a besoin d’armes »
Alors que les efforts diplomatiques engagés par le président américain, Donald Trump, pour mettre fin aux combats se sont enlisés ces derniers jours, les autorités ukrainiennes ont appelé à un sursaut : « Nous reconstruirons ces immeubles, a affirmé la première ministre, Ioulia Svyrydenko. Mais on ne peut pas faire revivre les morts. L’ennemi terrorise et tue chaque jour nos concitoyens à travers tout le pays. » « Nous devons renforcer la pression des sanctions, principalement contre le pétrole et le gaz russes. Et surtout, l’Ukraine a besoin d’armes. De ce qui arrêtera la terreur et empêchera la Russie de tenter chaque jour de tuer des Ukrainiens », a-t-elle conclu.
« La Russie a l’air de faire dans la surenchère avec la plus vaste attaque depuis le début de la guerre (…). L’attaque n’est pas un signal de la volonté de la Russie de mettre fin à cette guerre de manière diplomatique », a réagi sur X Keith Kellogg, l’envoyé spécial de Donald Trump pour l’Ukraine. Sans que ce ne soit explicitement lié aux attaques de la nuit, le président américain s’est déclaré dimanche soir prêt à envisager de nouvelles sanctions contre la Russie. « Oui, je le suis », a-t-il répondu à un journaliste qui l’interrogeait en ce sens à la Maison Blanche.
Peu de temps avant lui, sur la chaîne NBC News, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a aussi affirmé que les Etats-Unis étaient « prêts à augmenter la pression sur la Russie ». « Nous sommes engagés, en ce moment, dans une course entre le temps que l’armée ukrainienne peut tenir et celui que l’économie russe peut tenir, a ajouté M. Bessent. Et si les Etats-Unis et [l’Union européenne] peuvent s’entendre, imposer plus de sanctions, des droits de douane secondaires aux pays qui achètent du pétrole russe, l’économie russe va s’effondrer totalement, et cela obligera le président Poutine à se mettre à la table des négociations. »
Des morts dans plusieurs autres oblasts
A la fin d’août, une vague massive de drones et de missiles russes sur Kiev avait fait plus de 25 morts et endommagé les locaux de la délégation de l’Union européenne ainsi que le bureau du British Council. Mais les bâtiments officiels de la capitale avaient dans l’ensemble été épargnés par les bombardements qui visent quotidiennement le territoire ukrainien depuis trois ans et demi.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des frappes russes ont aussi été signalées dans plusieurs autres régions, notamment dans celle de Dnipropetrovsk, où selon le gouverneur militaire, Serhi Lyssak, un homme de 54 ans est mort, et des infrastructures ont été endommagées lors d’une attaque mêlant là aussi drones et missiles. Les autorités locales ukrainiennes ont également fait état d’une femme tuée par des bombes aériennes guidées dans la région de Zaporijia dimanche matin et d’un mort samedi soir dans la région frontalière de Soumy.
De son côté, la Russie a assuré avoir visé seulement des sites militaires et des infrastructures lors de bombardements en Ukraine. L’armée russe « a frappé des sites du complexe militaro-industriel ukrainien et des infrastructures de transport », écrit le ministère de la défense russe dans un communiqué.
« La Russie s’enferme toujours un peu plus dans la logique de la guerre et de la terreur », a dénoncé dimanche Emmanuel Macron. Le président français a dénoncé sur X des frappes menées « de manière indiscriminée, y compris [sur] des zones résidentielles et le siège du gouvernement », assurant que la France continuera « à tout faire pour qu’une paix juste et durable l’emporte ».
M. Zelensky a de son côté annoncé avoir évoqué dimanche cette attaque au téléphone avec Emmanuel Macron. « Nous avons coordonné nos efforts diplomatiques, les prochaines étapes et les contacts avec nos partenaires afin d’assurer une réponse appropriée », a fait savoir le président ukrainien évoquant « de nouvelles mesures pour renforcer nos défenses ».