Des affrontements entre l’armée congolaise et le Mouvement du 23-Mars (M23), allié à des troupes rwandaises, sont en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), mardi 11 février, trois jours après un appel de dirigeants africains à un cessez-le-feu suivi d’une relative accalmie.
Les combattants du groupe armé antigouvernemental et les soldats rwandais ont attaqué à l’aube des positions des Forces armées de la RDC (FARDC) près d’Ihusi, selon des sources sécuritaires et locales. Cette localité est située à une soixantaine de kilomètres de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, et à moins de 40 km de l’aéroport provincial installé à Kavumu. Plusieurs sources locales jointes au téléphone par l’AFP ont fait état de « détonations d’armes lourdes ».
Réunis samedi en sommet en Tanzanie, les dirigeants d’Afrique australe et d’Afrique de l’Est avaient appelé leurs états-majors à proposer un plan d’application d’un cessez-le-feu « inconditionnel » d’ici à jeudi. Le président rwandais, Paul Kagame, était présent à Dar es-Salaam, tandis que son homologue congolais, Félix Tshisekedi, participait en visioconférence.
Selon des sources sécuritaires, le M23 et ses alliés rwandais ont tenté ces derniers jours de prendre le contrôle des hauts plateaux surplombant la route principale menant à Bukavu afin de couper les voies d’approvisionnement de l’armée congolaise. Ce mouvement a toutefois été contenu par les militaires burundais déployés dans le secteur. Environ 10 000 soldats burundais sont déployés au Sud-Kivu en appui de l’armée congolaise et Bujumbura a envoyé vendredi au moins un bataillon supplémentaire dans la zone, selon une source sécuritaire.
Choléra
Après s’être emparés de la grande ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, au terme d’une offensive éclair fin janvier, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans le Sud-Kivu. La peur d’une attaque s’est déjà emparée de Bukavu, cité d’un million d’habitants. Les écoles ont fermé vendredi et, mardi, les banques sont restées portes closes. La prise de Bukavu, qui était déjà tombée aux mains de soldats dissidents de l’armée congolaise en 2004, donnerait le contrôle total du lac Kivu au M23 et aux troupes rwandaises.
Mais avant Bukavu, la menace pèse sur l’aéroport de Kavumu, dont l’activité est principalement militaire. Ce point stratégique est utilisé par l’armée congolaise pour acheminer des renforts en hommes et en matériel. Sa principale base militaire est située non loin.
A Goma, la situation humanitaire s’aggrave. L’eau courante est coupée dans une partie de la ville. Sans autre solution, des habitants s’approvisionnent dans le lac Kivu, où des corps ont été repêchés après les combats. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), une augmentation des cas de choléra a été observée dans la région, notamment parmi les populations déplacées par les combats.
La crise dans l’est de la RDC doit être abordée lors d’une réunion de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba vendredi. Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont multipliés, avec la crainte que le conflit ne dégénère en guerre régionale. Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques pour tenter de régler ce conflit qui dure depuis plus de trois ans n’ont rien donné. Kinshasa réclame, sans effet jusqu’ici, des « sanctions ciblées » contre le Rwanda.
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Dans l’est de la RDC, les conflits et les rébellions s’enchaînent depuis plus de trente ans. Kinshasa accuse Kigali de vouloir y piller les nombreuses richesses naturelles, dont le tantale et l’étain, utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, ou l’or. Le Rwanda dément et dit vouloir éradiquer certains groupes armés qui menacent selon lui sa sécurité en permanence, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda.