Guan Hu : ce nom ne dit sans doute pas grand-chose aux cinéphiles, qui pensent davantage à Wang Bing ou à Jia Zhang-ke, dès lors qu’il est question de cinéma d’auteur chinois. C’est que Guan Hu, quinquagénaire comme ses deux compatriotes, est davantage connu dans son propre pays pour ses films grand public – Cow (2009), Mr Six (2015), The Eight Hundred (2020)… Mais il fait parfois des écarts, en témoigne Black Dog, son nouveau long-métrage, qui a reçu le Prix Un certain regard à Cannes, en 2024.
Ce western minimaliste a pour décor naturel, si l’on peut dire, une ville à l’abandon et des chiens errants, aux portes du désert de Gobi, à la veille de l’ouverture des Jeux olympiques en Chine, en 2008. Dans ce no man’s land, un jeune homme sorti de prison (l’acteur canado-taïwanais Eddie Peng) tourne en rond sur sa moto. Il s’attache à un lévrier noir, pourchassé par une patrouille dont le patron est incarné par… Jia Zhang-ke.
Sur la Croisette, les festivaliers ont vu dans cette œuvre métaphysique une charge contre le régime. Ce dont se défend l’intéressé, car il fait partie du « système » : tous ses films passent le visa de la censure et sont visionnés avant la sortie en salle. « Je veux tout faire. Quand je suis fatigué des films commerciaux, je fais des films d’auteur pour me recharger les batteries. Et je ne vois pas Black Dog comme une critique politique : j’ai voulu montrer la réalité telle qu’elle est », nous dit Guan Hu lors d’un entretien à distance, de Los Angeles, auquel se joint un bref instant sa productrice et compagne, l’actrice Liang Jing.
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