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La situation de la grippe aviaire en Amérique du Nord continue de susciter l’inquiétude des épidémiologistes. Ce sont désormais trois personnes qui ont été infectées par le virus H5N1 à travers le continent sans que l’on connaisse les sources de leur contamination. Cela peut sembler peu, eu égard aux 53 cas de travailleurs agricoles ayant également attrapé le virus dans des élevages de vaches laitières et de volailles, théâtres d’une épizootie – une épidémie animale – qui s’étend chaque jour un peu plus aux Etats-Unis.

Mais ces trois cas atypiques font de plus en plus craindre aux spécialistes un scénario semblable aux débuts de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009. A l’époque, deux cas sporadiques d’infection par cette grippe porcine chez des enfants en Californie qui n’avaient eu aucun contact avec des porcs ou entre eux ont été les premiers signes d’une pandémie qui causa 280 000 morts dans le monde.

« Pendant les épidémies, il est important de comprendre où et comment se produit la transmission, explique l’épidémiologiste britannique Adam Kucharski. Si nous ne connaissons pas la source des infections, nous ne pouvons pas être sûrs de la menace à laquelle nous sommes confrontés, ni savoir si la situation est sous contrôle. »

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Un premier cas sans source connue a été identifié le 6 septembre dans l’Etat du Missouri, aux Etats-Unis. L’enquête épidémiologique, close fin octobre, a finalement conclu que ce n’était probablement pas une, mais deux personnes du même foyer qui avaient attrapé le virus H5N1 au même moment. Mais on ne sait toujours ni où ni comment.

Nouvelles mutations

Le 13 novembre, un deuxième signal inquiétant est venu cette fois du Canada, où un adolescent est tombé gravement malade en Colombie-Britannique, dans l’ouest du pays. Les échantillons prélevés dans son entourage et son environnement proche n’ont révélé aucune présence du virus H5N1, et il semblerait que le malade n’ait contaminé personne. Devant l’absence de nouveaux éléments, les autorités provinciales ont déclaré l’enquête épidémiologique terminée. Le 26 novembre, le patient était toujours à l’hôpital, placé sous respirateur. Il s’agit du premier cas très grave de grippe aviaire depuis le début de l’année, les autres présentant plutôt des conjonctivites ou des symptômes grippaux légers.

Ce cas est d’autant plus inquiétant qu’il semble que le virus ait acquis des mutations supplémentaires. Scott Hensley, professeur de microbiologie à l’école de médecine Perelman de l’université de Pennsylvanie, a analysé la séquence publiée dans des bases de données en libre accès par l’Agence de santé publique du Canada et signalé sur les réseaux sociaux que deux mutations-clés étaient apparues dans l’hémagglutinine, une protéine à la surface du virus qui se lie aux cellules que ce dernier tente d’envahir. Ces mutations sont connues pour aider le virus à mieux s’attacher aux cellules des poumons humains. Un changement d’importance pour ce virus, qui se lie ordinairement avec plus d’affinités aux cellules des oiseaux.

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