Près d’un enseignant sur trois est en grève, jeudi 5 décembre, dans le cadre de la mobilisation de la fonction publique pour alerter sur la « dégradation » de leurs « conditions de travail et rémunération ». Au total, 31,32 % des enseignants sont en grève : ils sont 40,07 % dans le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et 23,47 % dans le second degré (collèges et lycées), selon des chiffres communiqués par le ministère de l’éducation. De son côté, le SNES-FSU, premier syndicat du second degré, annonce 54 % de professeurs grévistes dans les collèges et lycées à 10 h 15.
Cette mobilisation, qui intervient en pleine crise politique, au lendemain de la chute du gouvernement, doit permettre de lancer une « alerte sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération en direction du futur gouvernement et des parlementaires qui auront à construire les prochaines lois de finances pour 2025 », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.
Des dizaines de rassemblements sont prévus en France à l’appel d’une intersyndicale large, notamment à Paris, près du ministère de l’économie et des finances. Un point presse de l’intersyndicale (CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFE-CGC, Solidaires et FA-FP) est prévu sur place à 13 heures, en présence notamment des secrétaires générales de la CGT, Sophie Binet, et de la CFDT, Marylise Léon. Un cortège doit ensuite s’élancer vers la place d’Italie.
Les autorités attendent entre 4 000 et 8 000 participants à la manifestation parisienne. Elle sera sous vigilance renforcée au vu du contexte politico-social. Parmi les figures politiques, le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a notamment annoncé sa participation.
A Paris, cinq établissements scolaires se sont mobilisés avec des blocages partiel ou total de lycées parisiens, a précisé le rectorat avec plusieurs centaines de lycéens mobilisés. Dans la matinée, une petite centaine de personnes bloquait l’accès au lycée Buffon, à Paris, a constaté une journaliste de l’AFP.
A Dijon, un jeune homme a été interpellé après le jet d’un projectile enflammé qui a légèrement blessé le proviseur du lycée Gustave-Eiffel, alors qu’un rassemblement avait lieu dans le cadre de la grève de la fonction publique. Le feu a été mis dans une poubelle devant l’entrée du lycée dans le quartier sensible des Grésilles et un rouleau de papier toilette enflammé a été lancé qui a atteint le proviseur de l’établissement, et l’a « légèrement blessé », a précisé la préfecture à l’AFP.
A Marseille et Lyon, des centaines de personnes étaient rassemblées, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Perturbations du trafic aérien
Côté ciel, l’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols pour la journée, mais les perturbations semblaient modérées dans la matinée, la direction générale de l’aviation civile ne faisant pas état de retards notables au décollage ou à l’arrivée des principaux aéroports français.
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L’organisme de surveillance du trafic, Eurocontrol, a néanmoins relevé des « retards importants » pour les avions devant survoler une partie de la région parisienne et des zones aériennes autour de Marseille. A Lille, l’aéroport restera fermé de jeudi soir 20 heures à vendredi 7 heures, selon sa direction.
L’annonce fin octobre par le gouvernement démissionnaire d’un plan de lutte contre l’« absentéisme » des fonctionnaires pour dégager 1,2 milliard d’euros d’économies a progressivement tendu les relations entre les syndicats d’agents et le ministre de la fonction publique désormais démissionnaire, Guillaume Kasbarian, avant d’aboutir à une rupture du dialogue social. Le gouvernement justifiait ces dispositions par la nécessité de faire des « économies » pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit de 6,1 % attendu en 2024 à 5 % du PIB en 2025.
Les syndicats exigeaient notamment qu’il renonce à trois mesures qui ont cristallisé la colère des agents : le passage d’un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100 % à 90 % de la rémunération en cas d’arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d’une prime en soutien au pouvoir d’achat.