Elles estiment qu’il s’agit là de « la grande oubliée » du gouvernement Bayrou. Une vingtaine d’organisations de la protection de l’enfance, rassemblées au sein de la Dynamique pour les droits des enfants, dénoncent l’absence d’une délégation ad hoc au sein de la nouvelle équipe ministérielle, dans un communiqué publié le 23 décembre. Elles réclament également « la reprise des comités interministériels [consacrés] à l’enfance deux fois par an », et « la création d’une délégation parlementaire aux droits des enfants au Sénat ».
« La mention de l’enfance a complètement disparu des attributs des différents ministères », regrette Florine Pruchon, coordinatrice de la Dynamique pour les droits des enfants, citée dans le communiqué, alors que la protection de l’enfance est en « crise » et que la pauvreté infantile « augmente ». « Il faut que l’enfance devienne enfin une véritable priorité nationale et une politique publique à part entière », insiste Mme Pruchon, également responsable de SOS Villages d’enfants.
« Seule la création d’un ministère de l’enfance, avec une place centrale au sein du gouvernement et des moyens humains et financiers [spécifiques], pour asseoir une politique interministérielle en faveur des enfants et des jeunes qui soit transversale, cohérente et intégrée », estime la Dynamique pour les droits des enfants, qui porte la voix de ces associations ou collectifs engagés sur ces questions – Cnape, Cofrade, Apprentis d’Auteuil, Fondation pour l’Enfance… – auprès des pouvoirs publics.
Pauvreté et violences sexuelles
La vingtaine d’organisations rappelle en outre qu’en France un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, que 160 000 y sont victimes de violences sexuelles chaque année, et qu’à Mayotte, le département le plus pauvre du pays, récemment dévasté par le passage du cyclone Chido, plus d’un habitant sur deux est un enfant.
Au lendemain de l’annonce de la composition du gouvernement Bayrou, mardi, des acteurs engagés dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants, comme Face à l’inceste et Les Papillons, avaient déjà déploré l’absence de ministère délégué à l’enfance.
La ministre chargée de la famille et de la petite enfance sortante, Agnès Canayer, n’a pas été reconduite et la question de l’enfance ne figure pas dans l’intitulé du « super ministère » du travail, de la santé, des solidarités et des familles, piloté par Catherine Vautrin. Lors de la cérémonie de passation de pouvoirs, mardi à Paris, Mme Vautrin a évoqué dans son discours le sujet de la « petite enfance » et de la « protection sociale de l’enfance », sans entrer dans le détail.