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Google doit-il être démantelé ? C’est en tout cas ce que suggère – et espère – le département de la justice américain. Ce ministère a en effet proposé, mercredi 9 octobre, dans un long document de trente-deux pages, des sanctions qui pourraient éclater l’empire du géant du numérique, toujours leader incontesté de la recherche en ligne, avec 90 % de part de marché. « Nous envisageons des remèdes comportementaux et structurels qui empêcheraient Google d’utiliser ses produits comme Chrome, Google Play et Android pour avantager son moteur de recherche », écrit-il au juge fédéral de Washington, Amit Mehta.

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En jargon de l’antitrust, le message est clair : Google devrait être forcé de séparer, voire de vendre, son navigateur Internet, son magasin d’applications mobiles ou son environnement de smartphones afin de cesser d’y favoriser son moteur de recherche comme service par défaut et, donc, de maintenir son quasi-monopole de façon indue, selon le raisonnement du département de la justice.

L’accusation envisage aussi de contraindre Google à partager avec ses concurrents les données qu’il collecte sur les recherches des internautes – une mine d’informations importante qui peut servir à vendre des publicités ciblées en fonction des centres d’intérêt. Le document évoque enfin l’idée de restreindre la possibilité pour Google d’entraîner ses modèles d’intelligence artificielle (IA) sur les données de recherche et les requêtes des utilisateurs de son moteur.

« Risque sur l’innovation américaine »

Une telle attaque du royaume de Google est inédite. Elle dessine un tableau qui changerait le visage du géant aux 307 milliards de dollars de chiffre d’affaires (280 milliards d’euros), dont plus de la moitié dans la recherche en ligne, et aux 73 milliards de dollars de bénéfice net en 2023. Le spectre du démantèlement invoqué par le ministère américain rappelle des cas historiques de l’antitrust : la séparation du mastodonte des télécoms AT&T, en 1984, ou la condamnation de Microsoft pour avoir favorisé son navigateur Explorer sur son environnement Windows, en 1999.

D’ailleurs, sentant la menace, Google a vivement dénoncé des propositions jugées « radicales » et susceptibles « d’avoir des conséquences imprévues pour les consommateurs, les entreprises et la compétitivité des Etats-Unis ». « Séparer Chrome ou Android les briserait » et « augmenterait le prix des smartphones et tablettes », tout en affaiblissant la concurrence contre l’univers des iPhone, a fait valoir, dans un communiqué, l’entreprise. « Forcer Google à partager vos requêtes sur son moteur de recherche, vos clics et pages de résultats mettrait en danger votre vie privée et votre sécurité », argumente-t-elle aussi. Limiter son développement de l’intelligence artificielle « risquerait de freiner l’innovation américaine à un moment critique ».

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