Le mécontentement couve en Géorgie, où l’opposition pro-européenne a appelé ses partisans à manifester, lundi 4 novembre, pour protester contre les résultats des élections législatives du 26 octobre qu’elle refuse de reconnaître, réclamant la tenue d’un nouveau vote.
Officiellement, les législatives ont été remportées par le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, avec 53,9 % des voix contre 37,7 % en faveur de l’opposition. De nombreux Géorgiens voient ces élections comme un tournant majeur pour leur pays, craignant que le parti dirigeant, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui a fait toute sa fortune en Russie, ne les ramène dans le giron du grand voisin du nord plutôt que vers l’intégration européenne tant espérée.
Premier constat, ces résultats « ne reflètent pas les choix de la population géorgienne », a déclaré au lendemain du scrutin l’ONG My Vote, une mission d’observation locale réunissant des dizaines d’organisations de la société civile géorgienne. Présents dans 1 131 bureaux de vote, sur un total de 3 000, ses observateurs ont dénoncé « des violations du secret du vote, des substitutions d’identité, des votes multiples, des agressions physiques et verbales, des failles dans le marquage, des entraves à l’observation, la présence de personnes agressives non autorisées et le manque d’impartialité des membres des commissions électorales ».
Selon la porte-parole de l’organisation, Londa Toloraïa, « la journée électorale s’est déroulée dans un contexte de violations graves et substantielles ». De fait, les problèmes détectés « faisaient partie d’un stratagème plus large visant à altérer les résultats finaux des élections », a-t-elle noté. Dans la foulée, My Vote a déposé plainte, réclamant l’annulation des résultats dans 246 bureaux de vote, soit environ 417 305 électeurs, dans ce pays d’environ 4 millions d’habitants.
« Achats de voix », « pression », « intimidation »
Sans aller jusqu’à remettre en question les résultats du scrutin, les observateurs étrangers ont critiqué son déroulement. « Compte tenu des cas d’achat de voix, du climat de pression généralisé et de l’intimidation organisée par les partis avant et pendant les élections, en particulier dans les zones rurales, nous exprimons nos préoccupations quant aux conditions électorales, en particulier l’inégalité des règles du jeu qui sape la confiance dans le résultat », a déclaré Iulian Bulai, représentant de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, au lendemain du vote.
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