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L’espoir a bien trop tardé à se concrétiser, mais l’annonce le 15 janvier d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas laisse enfin entrevoir la fin d’un double calvaire. Celui des Palestiniens de Gaza emportés par la fuite en avant choisie par le chef du Hamas tué dans les combats, Yahya Sinouar, architecte des massacres barbares de civils israéliens, le 7 octobre 2023. Et celui des otages israéliens capturés le même jour qui vont enfin être rendus à leurs proches, tenus pour quantité négligeable par l’extrême droite, représentée au sein de la coalition au pouvoir en Israël.

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Les armes auraient dû se taire il y a longtemps. Depuis que l’objectif que le gouvernement israélien avait assigné à son armée, la destruction totale du mouvement palestinien considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays occidentaux, était apparu pour ce qu’il était : une chimère, même après la réoccupation partielle de l’étroite bande de terre par les troupes israéliennes dans une épreuve où Israël a perdu une partie de son âme.

Le Proche-Orient, hélas, n’est pas une terre sur laquelle prospère naturellement l’espérance. C’est la raison pour laquelle la prudence reste de mise. Il faut en effet s’assurer que les étapes successives de l’accord du 15 janvier soient respectées. Rien ne le garantit. Il faudrait ensuite et surtout qu’elles constituent un préambule vers un « jour d’après » que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou s’est montré à ce jour incapable de définir.

Horizon obstrué

Il y a pourtant urgence, car la déroute totale du Hamas, qui a perdu toute légitimité à s’approprier les aspirations nationales palestiniennes, offre une rare occasion. Non seulement ce dernier sort laminé et décapité de la guerre, mais il a entraîné avec lui les piliers de l’« axe de la résistance » couvé par l’Iran qu’étaient le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, tué dans un bombardement en septembre 2024, et le maître de Damas, Bachar Al-Assad, emporté trois mois plus tard par l’offensive fulgurante de rebelles qu’il pensait avoir matés dans des torrents de sang.

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Si le cessez-le-feu ne débouche pas sur une stabilisation durable, si aucun « jour d’après » ne se matérialise, si la reconstruction du territoire de Gaza, ravagé comme jamais, reste une utopie et si l’Etat hébreu laisse s’installer le chaos dans l’étroite bande de terre en continuant de tenir à distance une Autorité palestinienne, il est vrai en coma dépassé, la milice islamiste finira par renaître. Elle n’aura qu’à jouer de la haine d’Israël que le châtiment infligé, les dizaines de milliers de civils morts ou gravement blessés, l’horizon obstrué par les ruines ont certainement portée à son paroxysme, comme celle que le 7 octobre 2023 a profondément ancrée dans la société israélienne.

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Les circonstances ne sont pas favorables avec l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, considéré comme le plus unilatéralement pro-israélien de tous les présidents des Etats-Unis. Sur cette terre d’incertitudes, il est pourtant une vérité connue de tous : se contenter d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages israéliens sera la garantie, tôt ou tard, de nouveaux cycles toujours plus mortifères et dévastateurs. Deux peuples couturés de deuils et de drames attendent que leurs dirigeants se soucient enfin de leurs intérêts pour échapper à cette fatalité.

Le Monde

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