La Maison Blanche a publié, lundi 29 septembre, un plan en vingt points proposé par Donald Trump à Benyamin Nétanyahou, lors de sa visite à Washington, pour mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien. « Je soutiens votre plan pour mettre fin à la guerre à Gaza, qui nous permet d’atteindre nos buts de guerre », a salué le premier ministre israélien lors d’une conférence de presse commune à l’issue de leur rencontre, tout en se réservant le droit de « finir le travail » dans l’enclave si le Hamas rejetait cette proposition. Le Monde publie ci-dessous les vingt mesures de ce plan, traduites en français.
1. Gaza sera une zone déradicalisée et libérée du terrorisme, qui ne représentera pas une menace pour ses voisins.
2. Gaza sera réaménagé dans l’intérêt de la population de Gaza, qui a déjà suffisamment souffert.
3. Si les deux parties acceptent ce plan la guerre s’achèvera immédiatement. Les forces israéliennes se retireront jusqu’à une ligne convenue pour préparer la libération des otages. Pendant ce temps, toutes les opérations militaires, y compris les bombardements aériens et d’artillerie, seront suspendues, et les lignes de front resteront figées jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour un retrait par étapes.
4. Dans les 72 heures suivant l’acceptation publique de cet accord par Israël, tous les otages, vivants ou décédés, seront rendus.
5. Une fois tous les otages libérés, Israël libérera 250 prisonniers condamnés à perpétuité ainsi que 1 700 Gazaouis détenus après le 7 octobre 2023, y compris toutes les femmes et enfants détenus dans ce contexte. Pour chaque otage israélien dont les dépouilles seront rendues, Israël libérera les corps de quinze Gazaouis morts.
6. Une fois que tous les otages auront été rendus, les membres de Hamas qui s’engageront à coexister pacifiquement et à se désarmer bénéficieront d’une amnistie. Les membres du Hamas souhaitant quitter Gaza bénéficieront d’un droit de passage protégé vers les pays de destination.
7. Dès l’acceptation de cet accord, une aide [humanitaire] complète sera immédiatement acheminée dans la bande de Gaza. Les quantités d’aide seront au minimum conformes à celles incluses dans l’accord du 19 janvier 2025 sur l’aide humanitaire, comprenant la réhabilitation des infrastructures (eau, électricité, assainissement), la réhabilitation des hôpitaux et des boulangeries, et l’envoi des équipements nécessaires pour enlever les décombres et ouvrir les routes.
8. L’entrée de l’aide et sa distribution dans la bande de Gaza s’effectueront sans ingérence des deux parties, via les Nations unies et ses agences, ainsi que le Croissant-Rouge et d’autres institutions internationales non associées à l’une ou l’autre des parties. L’ouverture du passage de Rafah dans les deux directions sera soumise au même mécanisme mis en œuvre dans le cadre de l’accord du 19 janvier 2025.
9. Gaza sera gouverné en vertu de l’autorité transitoire temporaire d’un comité palestinien technocratique et apolitique, chargé de gérer les services publics et les municipalités pour la population de Gaza. Ce comité sera composé de Palestiniens qualifiés et d’experts internationaux, sous la supervision et le contrôle d’un nouvel organe international de transition, le « Comité de la paix », qui sera dirigé et présidé par le président Donald Trump, avec d’autres membres et chefs d’État qui seront annoncés, dont l’ancien premier ministre [britannique] Tony Blair. Cet organe définira le cadre et gérera le financement de la reconstruction de Gaza jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne ait terminé son programme de réformes, comme décrit dans diverses propositions, y compris le plan de paix du président Trump en 2020 et la proposition franco-saoudienne, et puisse reprendre le contrôle de Gaza de manière sûre et efficace. Cet organe s’appuiera sur les meilleures normes internationales pour créer une gouvernance moderne et efficace qui sert les habitants de Gaza et favorise les investissements.
10. Un plan de développement économique de [Donald] Trump pour reconstruire et dynamiser Gaza sera élaboré en réunissant un panel d’experts ayant contribué à la naissance de certaines des villes modernes florissantes du Moyen-Orient. De nombreuses propositions d’investissements réfléchies et des idées de développement passionnantes ont été élaborées par des groupes internationaux bien intentionnés et seront examinées pour parvenir à un cadre de sécurité et de gouvernance qui attire et facilite ces investissements, qui créeront des emplois, des opportunités et un espoir pour l’avenir de Gaza.
11. Une zone économique spéciale sera mise en place avec des droits de douane préférentiels et des taux d’accès à négocier avec les pays participants.
12. Personne ne sera forcé à quitter Gaza, et ceux qui souhaitent partir seront libres de le faire et de revenir. Nous encouragerons les gens à rester et leur offrirons l’occasion de construire un Gaza meilleur.
13. Le Hamas et les autres factions s’engagent à ne jouer aucun rôle dans la gouvernance de Gaza, directement, indirectement ou sous quelque forme que ce soit. Toutes les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d’armes, seront détruites et ne seront pas reconstruites. Il y aura un processus de démilitarisation de Gaza sous la supervision de contrôleurs indépendants, qui inclura la mise hors service permanente des armes via un processus convenu de désarmement, soutenu par un programme de rachat et de réintégration financé internationalement, le tout vérifié par les contrôleurs indépendants. Le Nouveau Gaza sera entièrement dédié à la construction d’une économie prospère et à la coexistence pacifique avec ses voisins.
14. Une garantie sera fournie par des partenaires régionaux pour s’assurer que le Hamas, et les factions, respectent leurs obligations et que le Nouveau Gaza ne constitue pas une menace pour ses voisins ou ses habitants.
15. Les États-Unis travailleront avec des partenaires arabes et internationaux pour développer une Force internationale de stabilisation (ISF) temporaire à déployer immédiatement à Gaza. L’ISF formera et fournira un soutien à des forces de police palestiniennes approuvées à Gaza, et sera en contact étroit avec la Jordanie et l’Égypte, qui ont une vaste expérience dans ce domaine. Cette force sera la solution de sécurité interne à long terme. L’ISF travaillera avec Israël et l’Égypte pour aider à sécuriser les zones frontalières, ainsi qu’avec les forces de police palestiniennes nouvellement formées. Il est crucial d’empêcher l’entrée de munitions dans Gaza et de faciliter le déploiement rapide et sécurisé des biens pour reconstruire et revitaliser Gaza. Un mécanisme de désescalade sera convenu entre les parties.
16. Israël n’occupera ni n’annexera Gaza. A mesure que l’ISF établit le contrôle et la stabilité, l’armée israélienne se retirera sur la base de normes, d’étapes et d’échéances liées à la démilitarisation qui seront convenues entre l’armée israélienne, l’ISF, les garants et les États-Unis, dans l’objectif d’un Gaza sécurisé qui ne représente plus une menace pour Israël, l’Égypte ou ses citoyens. Concrètement, l’armée israélienne rendra progressivement le territoire de Gaza qu’elle occupe à l’ISF selon un accord à conclure avec l’autorité de transition jusqu’à son retrait complet de Gaza, à l’exception d’une présence dans un périmètre de sécurité qui restera jusqu’à ce que Gaza soit correctement sécurisé contre toute résurgence de menace terroriste.
17. Dans le cas où le Hamas retarde ou rejette cette proposition, les éléments ci-dessus, y compris l’importante opération d’aide, seront mis en œuvre dans les zones libérées du terrorisme remises par l’armée israélienne à l’ISF.
18. Un processus de dialogue interreligieux sera établi sur la base des valeurs de tolérance et de coexistence pacifique afin de tenter de changer les mentalités des Palestiniens et des Israéliens en mettant l’accent sur les avantages qui peuvent découler de la paix.
19. A mesure que le re-développement de Gaza progresse et quand le programme de réforme de l’Autorité palestinienne est fidèlement mis en œuvre, les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un Etat palestinien, que nous reconnaissons comme étant l’aspiration du peuple palestinien.
20. Les États-Unis établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens pour convenir d’un horizon politique pour une coexistence pacifique et prospère.