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La réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale, jeudi 18 juillet, donne une étrange coloration à la législature qui s’est ouverte, dans la foulée de la dissolution prononcée, le 9 juin, par le président de la République : au lieu du changement attendu, la continuité prévaut alors que le camp présidentiel a été lourdement défait lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.

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Sans parvenir à rassembler l’intégralité de son camp au premier tour, la députée des Yvelines a remporté l’élection au troisième tour, en devançant de seulement 13 voix le candidat du Nouveau Front populaire (NFP), le communiste André Chassaigne, et de 79 voix celui du Rassemblement national, Sébastien Chenu.

Incontestable sur le plan des règles parlementaires, la réélection de celle qui occupait le perchoir depuis 2022, sans être pour autant considérée comme un appui inconditionnel du chef de l’Etat, a aussitôt déclenché une tempête politique sur les bancs de la gauche. Arrivés en tête du second tour des élections législatives, les représentants du NFP ont estimé que la victoire leur avait été volée et mis en cause « les combinaisons », voire, selon La France insoumise, « les magouilles », qui auraient abouti au résultat décrié.

Logique de compromis

Ce qui s’est produit découle de la réalité de la situation politique : pour pouvoir pousser l’avantage qu’elle avait acquis dans les urnes à la faveur du front républicain, la gauche devait rassembler largement au-delà de son camp, faute de disposer de la majorité absolue. En dépit de l’estime dont il bénéficie, André Chassaigne n’y est pas parvenu, contrairement à Yaël Braun-Pivet, qui a recherché les voix des Républicains et en a bénéficié, moyennant un accord sur la répartition des postes à l’Assemblée nationale.

Cette logique de compromis se referme comme un piège sur la gauche car sa composante la plus radicale y est farouchement hostile. Incapables de s’accorder rapidement sur le nom d’un candidat pour Matignon, les « insoumis », les socialistes, les écologistes et les communistes ont essuyé, jeudi 18 juillet, un lourd revers collectif.

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Celui-ci est d’autant plus difficile à admettre que le camp présidentiel se comporte depuis le 7 juillet comme s’il faisait un déni de défaite : non seulement Emmanuel Macron n’a pas explicitement acté qu’il avait perdu plus de quatre-vingts députés dans la nouvelle Assemblée, mais sa présidente est reconduite et le gouvernement Attal est toujours en place, certes démissionnaire mais chargé de gérer les affaires courantes pour une durée indéterminée. La donne politique a beau être éminemment complexe, Emmanuel Macron prend un sérieux risque à laisser traîner les choses car une partie des électeurs, en quête de changement, peut légitimement se sentir flouée.

Consciente de la charge de violence perceptible dans l’Hémicycle lors de la divulgation des résultats, Yaël Braun-Pivet s’est donné pour mission d’« innover » pour tenter de faire émerger des compromis en prenant à témoin les attentes des Français. La nouvelle élue ne peut cependant ignorer que la symbolique qui se dégage de son élection est une partie du problème : au lieu de créer du lien, elle a crispé.

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Le Monde

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