Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, octobre 8
Bulletin

Depuis les élections législatives de juillet 2024, la mécanique institutionnelle de la Ve République se disloque. Le gouvernement de Gabriel Attal, démissionnaire le 16 juillet 2024, « expédie des affaires courantes » jusqu’au 5 septembre, pendant cinquante-six jours – un record. Lui succède Michel Barnier, renversé trois mois plus tard par une motion de censure, ce qui ne s’était pas vu depuis 1962. François Bayrou est ensuite nommé à Matignon en décembre 2024, mais il « tombe » au bout d’à peine neuf mois, après avoir demandé un vote de confiance sur sa politique, en sachant à l’avance que les députés le lui refuseraient. Le 9 septembre, Sébastien Lecornu est nommé premier ministre. Il « consulte » pendant près d’un mois, forme son gouvernement le 5 octobre au soir et démissionne le 6 au matin, sans que les députés aient voté contre lui : du jamais-vu.

Lire aussi | EN DIRECT, crise politique : Sébastien Lecornu assure qu’« il y a une volonté » des forces politiques « d’avoir un budget avant le 31 décembre »

Face à cette situation inédite sous la Ve République, l’incompréhension domine. Dans leurs commentaires, depuis plus d’un an, les chroniqueurs dénoncent la dissolution anticipée de l’Assemblée nationale, en juin 2024, comme la raison principale de l’instabilité qui règne depuis lors et qui nous renverrait à une IVe République de sinistre mémoire – « la mal-aimée », pour reprendre le titre d’un ouvrage du journaliste Joseph Barsalou, publié en 1964. Et d’annoncer la catastrophe : le pays serait engagé sur la pente fatale d’un retour au « régime des partis », selon la formule restée célèbre de Charles de Gaulle. Le Général fustigeait, dès 1946, le parlementarisme, source de mortelles divisions, et exaltait le présidentialisme, seul garant, à ses yeux, de l’unité de la nation, sans laquelle « la grandeur de la France » serait impossible.

Si l’on peut entendre, dans une certaine mesure, les interrogations et les inquiétudes, voire le désarroi et l’angoisse, face à l’instabilité gouvernementale actuelle, s’obnubiler sur ce seul aspect des choses est, disons-le, un peu court. Cela permet certes de gloser sans fin, comme les chaînes d’information en continu et les réseaux sociaux s’y emploient, sur les médiocrités de « la classe politique » – elles existent – en modulant le ton, affligé, ironique, révolté, écœuré, mais cela n’aide en rien à appréhender les causes de la situation dans laquelle la société française est plongée.

Il vous reste 61.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.