VenturaLe mois de juin 2025 restera dans l’histoire du Salvador comme celui ayant enregistré le plus grand exode de journalistes et de membres de la société civile depuis le conflit armé qui a endeuillé ce pays entre 1979 et 1992. Cette fois, ces Salvadoriens ne fuient pas une guerre civile mais le régime du président Nayib Bukele, au pouvoir depuis 2019 et dont la dérive autoritaire ne cesse de se confirmer. Le chef de l’Etat, toujours aussi populaire au sein de la population, a démantelé les gangs en emprisonnant massivement près de 90 000 personnes et en instaurant un état d’urgence qui dure depuis mars 2022. Il a également reformé la Constitution en juillet pour pouvoir se représenter indéfiniment.
Ces derniers mois, la répression contre ceux que Bukele considère comme ses opposants s’est encore intensifiée, obligeant certains à fuir pour éviter d’être à leur tour emprisonnés : selon le Comité des familles des prisonniers et des persécutés politiques du Salvador (Cofappes), 34 prisonniers politiques sont actuellement détenus dans les geôles du pays.
Au moins 150 personnes ont choisi le Guatemala comme terre d’accueil, aux portes du Salvador. D’autres se sont installées au Costa Rica, au Mexique, aux Etats-Unis et même en Europe. « Chacun est allé où il a pu, selon ses ressources et ses contacts. Dans le cas des journalistes, la majorité n’avait pas les moyens d’aller bien loin », explique une journaliste d’une radio communautaire réfugiée au Guatemala, et qui préfère garder l’anonymat, comme d’autres journalistes interrogés.
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