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A l’aube des législatives anticipées, le « front républicain », ou ce qu’il en reste, sera-t-il en mesure, lors du second tour prévu le 7 juillet, d’endiguer la montée du Rassemblement national ? Rien ne paraît moins certain, alors que le parti d’extrême droite, large vainqueur du scrutin européen du 9 juin, plane à des altitudes inédites dans les sondages.

La tripartition de la vie politique et ses violentes batailles compliquent la perspective d’un barrage efficace contre le RN. « Le chef de l’Etat cible la gauche, qu’il espère doubler au premier tour pour affronter ensuite le RN, a résumé Le Monde en une, vendredi 21 juin. Le renvoi dos à dos du Nouveau Front populaire et de l’extrême droite fragilise ­l’hypothèse d’un front républicain au second tour. »

Lundi 24 juin, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, a tout de même annoncé que les candidats de son parti arrivés troisièmes se désisteraient « pour battre l’extrême droite ». Elle souhaite « la même clarté de l’ensemble des forces politiques qui se disent républicaines ». Dès le lendemain, dans une tribune au Monde, plus de deux cent vingt personnalités – la plupart de gauche et quelques macronistes – plaident pour un accord de désistement face au RN.

Une union minoritaire

L’expression « Front républicain » apparaît pour la première fois dans les colonnes du Monde le 29 août 1945 – avec une lettre capitale. Elle revêt alors une tout autre acception. Le journal annonce la création, à Lille, d’un « nouveau groupement politique », avec pour vaste programme de réunir « tous les Français et Françaises dont le premier souci et la ferme volonté sont de rétablir au plus tôt la liberté dans tous les domaines » : « Ce mouvement prendra le nom de Front républicain et social ». L’expérience fait long feu.

Dans les années 1950, le « Front républicain » se fait un nom au cœur du paysage politique éclaté et instable de la IVe République, sur fond de montée du poujadisme, de guerre en Algérie et d’élections anticipées. Autour de cette appellation, Pierre Mendès-France réunit les radicaux de gauche, les socialistes – de la SFIO de Guy Mollet et de l’UDSR de François Mitterrand – et des gaullistes de gauche. L’alliance se concrétise par « Un appel du Front républicain », publié par L’Express et que Le Monde reprend dans son édition du 9 décembre 1955.

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Le 2 janvier 1956, la coalition devient la première force dans l’Hémicycle avec 192 sièges sur 595. Mais, observe Jacques Fauvet, « les pertes n’ayant bénéficié qu’aux communistes et aux poujadistes, elles ne donnent pas pour autant la majorité au Front républicain ». L’alliance se dissout vite dans la pétaudière de la IVe République. « Le désenchantement est grand dans la partie de l’opinion qui avait mis ses espérances dans ce qui fut – ou n’a jamais été – le Front républicain », estime le journaliste, le 1er juin 1956.

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