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L’idée que le monde est organisé autour d’un axe est très largement répandue à travers le monde. Très régulièrement aussi, cet axe se présente sous la forme d’une colonne qui soutient le ciel au-dessus de la terre. Parfois, dans certains récits mythologiques, c’est lui qui, par sa croissance, est à l’origine de la séparation entre le ciel et la terre, auparavant liés. Cette idée de croissance de colonne est peut-être à l’origine d’une forme particulière d’axe du monde, présente dans de nombreux mythes aux quatre coins de la planète : l’arbre.
La figure mythologique de l’Arbre du monde n’est certes pas présente partout. Ainsi, elle est absente d’Australie, et si l’on connaît quelques cas en Afrique, notamment au Sahel et sur la façade de l’océan Indien, il est fort possible qu’ils soient dus à une influence chrétienne ou musulmane. Mais sa vaste répartition dans l’espace (toute l’Eurasie et les Amériques) et dans le temps montre néanmoins sa très grande ancienneté, remontant certainement à des temps préhistoriques.
Source de savoirs magiques
Cet arbre peut se présenter sous une forme très simple : gigantesque, son feuillage se trouve dans le ciel tandis qu’il s’enracine au plus profond de la terre. Par son tronc, il fait communiquer les deux. Parfois, sa figure se complexifie. Un oiseau, le plus souvent un aigle, siège dans son feuillage (par exemple dans les mythes scandinaves), tandis qu’un serpent enlace son tronc ou ses racines (là encore en Scandinavie, mais aussi en Grèce, où l’on trouve le « dragon » Ladon enserrant l’arbre aux pommes d’or des Hespérides).
Ces deux animaux sont d’ordinaire en conflit. D’autres animaux peuvent prendre place dans l’arbre, souvent des ruminants : des cerfs ou une chèvre chez les Scandinaves, sans doute un bouc en Inde, ou encore un buffle et un daim chez les Kachin de Birmanie. Diverses divinités féminines vivent aussi souvent en son sein. Généralement, une source coule à son pied. Dans bien des traditions, notamment européennes, cette source est à l’origine de savoirs magiques.
De même, chez certains peuples sibériens, on dit que c’est l’arbre lui-même qui est à l’origine des chamans. Dans les grands monothéismes, l’Arbre du monde se dédouble : ainsi l’arbre de vie pousse dans le jardin d’Eden, près de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, celui dont Adam et Eve mangeront le fruit, malgré l’interdiction divine – et sous l’impulsion du serpent, que l’on retrouve encore ici.
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