C’est peu de dire que l’éboulement dans la vallée de la Maurienne, en Savoie, a contrarié les plans de Trenitalia en France. La filiale de l’opérateur italien historique s’était lancée à l’assaut du marché français de la grande vitesse en décembre 2021. La coupure de la ligne Paris-Milan après l’éboulement, en août 2023, a été « un coup dur », reconnaît Marco Caposciutti, président de Trenitalia France, qui estime que ses trains – connus sous le nom de « Frecciarossa » (« flèche rouge », en italien) – ont perdu 850 000 passagers pendant ces dix-neuf mois de coupure.
L’interruption a contraint l’entreprise à effectuer une partie de la maintenance des rames dans des ateliers français loués à ses concurrents de la SNCF. Et puisque les trains qui n’allaient pas jusqu’à Milan étaient disponibles, Trenitalia a augmenté la cadence entre Paris et Lyon, passant de trois à cinq allers-retours par jour, l’axe le plus rentable du réseau grande vitesse. Et vante une hausse de 40 % du nombre de voyageurs entre 2023 et 2024. Elle n’a toutefois pas réussi à les remplir (avec un taux moyen d’environ 60 % de sièges vendus) et encore moins à les rentabiliser : en 2023, la filiale du transporteur italien a perdu 50 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires d’environ 46 millions d’euros. Et ce malgré les tarifs préférentiels octroyés pendant trois ans aux nouveaux entrants sur les péages dont elle doit s’acquitter auprès du gestionnaire de l’infrastructure, SNCF Réseau (ex-RFF), et qui représentent environ 40 % à 45 % du prix d’un billet.
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