François Hanss, le cinéaste personnel de ­Mylène Farmer

Dans l’entourage artistique de Mylène Farmer, la plus mythifiée des pop stars françaises, les fans identifient aisément le fidèle compositeur Laurent Boutonnat, le producteur et manageur Thierry Suc ou encore le directeur musical Yvan Cassar, partenaires de longue date. Mais la figure de François Hanss, qui a réalisé ou coréalisé l’intégralité des concerts de l’artiste est demeurée dans l’ombre. Le 7 novembre, ce ­sexagénaire à la voix douce et aux faux airs de Philippe Starck verra pourtant sa captation du dernier show spectaculaire de la chanteuse, Nevermore, être projetée dans plus de cinq cents salles de cinéma, lors d’une unique soirée.

Un événement sur grand écran, avec campagne marketing d’ampleur : le même format avait déjà conclu les tournées de Timeless, en 2013, et Live, en 2019. Les ­projections avaient rassemblé, en France, respectivement 94 861 et 130 247 spectateurs. « Avec cent mille réservations enregistrées ­mi-octobre, nous savons déjà que nous devrions battre un nouveau record, estime Thierry Fontaine, le président de Pathé Live. C’est le miracle Mylène Farmer : film après film, le public grandit. »

Le succès annoncé est aussi à mettre sur le compte de la réalisation « d’auteur » de François Hanss, assure Thierry Fontaine. Format Scope, qui valorise la beauté des lieux des shows, angles étudiés, plans larges de chorégraphies entrecoupés de gros plans (« l’arme absolue ») montrant la star en fusion avec la foule… « Surtout pas de captation frontale ! Sinon, le quatrième mur [ce mur imaginaire séparant l’artiste des spectateurs] n’existe pas et ma caméra devient une caméra de surveillance », ­précise le réalisateur, qui dit son admiration pour les films des concerts « dramaturgiques » du chef d’orchestre autrichien Herbert von Karajan, dans lesquels le spectateur peut voir la main diriger, le virtuose s’enflammer, la baguette ou l’archet vibrionner.

Animaux totems et costumes

« Voir des gens se lever pour ­entonner Désenchantée, ce n’est pas si fréquent dans une salle de cinéma », fait remarquer François Hanss, qui soigne ses effets dans des montages pouvant souvent s’étaler sur deux mois. Pour Nevermore, capté au Groupama Stadium, à Lyon-Décines, en juin 2023, sa recette n’a pas varié. Afin de respecter la scénographie existante, il n’a fait aucune demande d’aménagement pour améliorer un axe de caméra ou ajouter des lumières. « Le show doit rester un spectacle vivant. Je ne me permets pas d’envoyer un cadreur sur scène qui pourrait troubler la vision du public », explique-t-il un après-midi d’octobre frappé d’une pluie diluvienne.

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