Etonnante, imprévisible, déroutante. Ces derniers mois, la vie politique française se conjugue au jour le jour. Dans cet océan d’incertitudes, François Bayrou, 73 ans, parvient, pour l’instant, à mener sa barque. Quelques concessions à sa gauche, des assurances à sa droite, des clins d’œil à l’extrême droite, l’embarcation a tangué, sans chavirer. S’il y a bien une personne qui n’a pas été surprise de voir François Bayrou survivre, fin février, à la « bataille du budget » à l’Assemblée nationale, c’est bien Jean Gougy. A 85 ans, avec ses cheveux blancs et ses yeux rieurs, l’homme n’est pas atteint de prescience. Il possède surtout une excellente mémoire. a Pau, en cette fin janvier, dans son salon à la moquette couleur crème, cette ancienne figure de la droite locale assure : « Ce que je vois ces temps-ci, je vous le dis : ça ne m’a pas étonné. »
Pour bien se faire comprendre, le vieil homme, toujours alerte, pointe du doigt la pièce d’à côté. « Il venait ici, dans la cuisine, raconte le retraité. De 1981 à 1986, on se voyait très régulièrement, chez moi. Il m’expliquait qu’il allait reconstituer une force centriste, à l’image de la troisième force, cette alliance entre le MRP [Mouvement républicain populaire] et les socialistes, peu après la seconde guerre mondiale », qui permit un temps à un bloc central de gouverner sous la IVᵉ République, malgré l’opposition des gaullistes et des communistes. Celui dont Jean Gougy parle, c’est « François ». Bayrou, bien sûr.
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