François Bayrou a assuré, mardi 11 février, n’avoir « jamais été informé » des agressions sexuelles dont est accusé un établissement catholique du Béarn fréquenté par ses enfants, et a annoncé « une plainte en diffamation ». Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, près de Lourdes, des années 1970 aux années 1990.
Le premier ministre avait connaissance, dès la fin des années 1990, d’accusations d’agressions sexuelles dans cet établissement, ont affirmé des témoins interrogés par l’Agence France-Presse, à la suite d’une enquête de Mediapart sur les dénégations de François Bayrou.
En 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’éducation, des plaintes avaient déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram, qui avait été ensuite condamné. Puis en 1998, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.
« Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais », a affirmé François Bayrou à l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député de La France insoumise Paul Vannier.
« Deux preuves » de son ignorance
Le chef du gouvernement a exprimé sa « sympathie » pour « les personnes, les hommes ou les garçons qui ont été en souffrance dans ces affaires-là ». Il a également avancé « deux preuves » de son ignorance.
D’une part, « lorsque la première plainte est déposée », selon lui « en décembre 1997 », il a « quitté déjà le ministère de l’éducation nationale depuis des mois », soit en mai de la même année. D’autre part, en confirmant avoir inscrit certains de ses enfants dans cet établissement, « qui a la réputation d’être strict », il a lancé : « Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements [où l’on aurait] soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ? ». « Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée », a-t-il conclu, sans préciser qui serait visé par cette plainte.
Il a estimé en outre que « dès que quelqu’un occupe des responsabilités on s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales ». Et « si on ne répond pas et qu’on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu’on dément, on est immédiatement mis en accusation », a-t-il argué.