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François Bayrou avait connaissance, dès la fin des années 1990, d’accusations d’agressions sexuelles dans un établissement catholique du Béarn fréquenté par ses enfants, affirment des témoins interrogés mercredi 5 février par l’Agence France-Presse (AFP), après une enquête de Mediapart sur les dénégations du premier ministre. Sollicité par l’AFP, Matignon n’a pas réagi à ce stade.

Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols à Notre-Dame-de-Bétharram, près de Lourdes, entre les années 1970 et 1990.

Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution, où son épouse également a enseigné le catéchisme selon le média d’investigation.

En 1996, alors que M. Bayrou était ministre de l’éducation nationale, des plaintes avaient déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram, condamné par la suite. Puis en 1998, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.

En mars 2024, François Bayrou avait déclaré au Parisien que « la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat », assurant en revanche n’avoir « jamais entendu parler (…) de risques sexuels ».

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« Bayrou était absolument au courant »

Des « mensonges », accuse Mediapart, pour qui l’actuel premier ministre « ne pouvait ignorer les accusations qui pesaient déjà sur l’établissement à la fin des années 1990 ». Le site s’appuie sur plusieurs témoins, dont une enseignante et un parent d’élève qui ont réitéré leurs propos à l’AFP.

Françoise Gullung, professeure de mathématiques à Bétharram de 1994 à 1996, dit avoir alors alerté à plusieurs reprises les autorités pour « dénoncer une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales ». « J’en ai notamment parlé de vive voix à François Bayrou pour lui dire qu’il fallait être vigilant (…) Il a évacué mollement ce que je lui disais », affirme-t-elle aujourd’hui, ajoutant avoir « également adressé un courrier au conseil général », qu’il présidait à l’époque.

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« Bayrou avait son fils dans la même classe » que le mien, raconte, sous couvert d’anonymat, le père qui avait porté plainte en 1996. « Bayrou était absolument au courant (…) Il n’a eu aucune réaction. »

En 1998, l’actuel premier ministre avait par ailleurs rencontré le juge chargé du dossier de viol, comme l’ont rapporté Le Monde et La République des Pyrénées. Il a pour autant assuré au Parisien n’avoir « jamais entendu parler », à l’époque, de telles accusations. « Je ne comprends pas pourquoi il dément aujourd’hui », a déclaré à Mediapart l’ancien magistrat.

Interrogé par l’AFP, Alain Esquerre, l’une des victimes de violences, à l’origine de la dénonciation collective des faits l’an dernier, juge que la position de François Bayrou est devenue « intenable » et se dit « dépité » qu’il « continue de ne pas se positionner ».

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Le Monde avec AFP

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