Il a brillé, mais pas seulement par son absence. Tiakola a remporté, dans la nuit de mardi 13 mai à mercredi 14 mai, quatre trophées, dont celui d’artiste masculin de l’année, aux Flammes, cérémonie du rap et ses courants.
Favori de cette troisième édition, celui qui est surnommé « le Rossignol de La Courneuve » – ville de Seine-Saint-Denis dont il est originaire – a été désigné artiste masculin de l’année et a été notamment récompensé pour le meilleur album nouvelle pop grâce à BDLM Vol.1, qui contient les cartons Pona Nini et Manon B.
Mais le public n’a pas pu entendre cet ancien membre de 4 Keus. « Je suis en studio, j’ai pas pu être là, désolé », s’est excusé dans un message vidéo l’artiste de 25 ans, dont les quatre trophées glanés lors de cette soirée s’ajoutent à ceux déjà récoltés lors des autres éditions de cette cérémonie.
Aya Nakamura récompensée pour son rayonnement international
La Flamme de l’artiste féminine est revenue à la rappeuse belge Shay et son univers double face : chaud et lancinant d’un côté, abrasif et percutant de l’autre. En trois albums – Jolie Garce, Antidote et Pourvu qu’il pleuve – et des shows millimétrés, la Bruxelloise a imposé son rap hardcore. La Flamme de la révélation scénique de l’année lui a aussi été décernée.
« Je reçois ce prix avec beaucoup d’émotions et de reconnaissance car je travaille dur pour que ma voix de femme reste entendue », a-t-elle déclaré, ajoutant penser aux femmes « au Congo, en Palestine et ailleurs, qui luttent non pas pour se faire entendre mais juste pour survivre ».
Reine des Flammes lors de deux précédentes éditions, Aya Nakamura, l’une des artistes francophones les plus écoutées dans le monde et qui avait participé à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, a reçu un trophée pour son rayonnement international.
Parmi les autres lauréats : Booba et SDM pour leur succès Dolce Camara, Kaaris pour son concert anniversaire ou encore le chanteur franco-haïtien Joé Dwèt Filé qui cartonne avec 4 Kampé.
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Au rang des révélations, Théodora, phénomène qui a explosé avec Kongolese sous BBL, a été distinguée, tout comme La Mano 1.9, jeune rappeur programmé dans les festivals estivaux. Pièce maîtresse de l’émergence des scènes françaises rap et électro, DJ Mehdi – mort accidentellement à 34 ans en 2011 – a reçu, à titre posthume, la Flamme éternelle que sa mère est venue chercher sur scène.
Hommages à Aboubakar Cissé
« Ce soir nous honorons ceux qui font l’apogée de nos cultures » alors « célébrons le feu sacré de nos musiques », avait lancé, en préambule, l’un des deux maîtres de cérémonie, Nordine Ganso.
Nées en réaction aux Victoires de la musique – régulièrement décriées pour le manque de représentativité de la sphère du hip-hop dans son palmarès –, les Flammes visaient plus grand en s’installant à la Seine musicale, près de Paris, et en s’ouvrant au public. L’événement, qui a le leader du streaming Spotify pour partenaire, accède ainsi à une demande des fans, désireux d’accéder à cette soirée où défilent les stars francophones d’un genre musical qui écrase la concurrence en streaming et s’impose jusqu’au Stade de France (à l’image de Jul et Ninho début mai).
L’enchaînement des remises de prix – pour une vingtaine de catégories – et des prestations live a permis d’éviter les longs discours. La Flamme de l’engagement social a été remise à un collectif qui a réuni des rappeurs pour un concert caritatif à Paris en mai 2024, afin de dénoncer la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
« Les Congolais sont mes sœurs et sont mes frères », a lancé, de son côté, le chanteur Corneille, demandant « d’essayer de résister » avec l’amour. L’artiste a des origines rwandaises, pays avec lequel la République démocratique du Congo entretient de fortes tensions.
Des hommages ont également été rendus à Aboubakar Cissé, jeune Malien tué à coups de couteau dans une mosquée du Gard.