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Histoires Web mercredi, septembre 18
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La RATP est une inépuisable pourvoyeuse de madeleines de Proust, qu’elles soient montées sur roues ou qu’elles glissent sur des rails. Pour voyager dans le temps, il suffit de voir débouler un de ces antiques bus à plate-forme auxquels des conservateurs bénévoles font parfois reprendre du service. Ou qu’apparaisse, au détour d’un film des années 1960, le vaste écran d’un plan indicateur lumineux d’itinéraire (PILI), dessinant en points étincelants le chemin à suivre pour atteindre sa station de métro finale.

La grande boîte à souvenirs de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) – et de ses devancières, avant sa création, en 1949 – occupe tout un hangar de 17 000 mètres carrés à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), dans la banlieue sud-est de Paris, qui abrite le patrimoine de la régie dont la gestion a été déléguée à sa filiale Cap Ile-de-France. Cette sorte de mausolée des transports en commun de Paname, où sont pieusement conservés ses anciens matériels roulants, n’ouvre ses portes qu’avec parcimonie, lors des Journées du patrimoine ou à de rares groupes de visiteurs. Cependant, consciente du potentiel de soft power que représente son héritage, la RATP compte bien le mettre davantage en lumière en recourant à de nouvelles formes de valorisation.

Le projet n’est pas encore bouclé – l’implantation reste à définir –, mais le principe de la création d’un Musée des transports parisiens est acquis. Un lieu où l’on pourrait s’immerger dans l’histoire des bus et des métros. Ne pas seulement contempler les fameuses rames d’avant-guerre ou les éphémères bus à impériale d’une hauteur de 4,35 mètres qui sillonnèrent certains quartiers de 1968 à 1977, mais monter à bord, toucher le bois des banquettes, retrouver un peu de l’odeur du Paris d’autrefois. Peut-être aussi voir fonctionner le réseau ferré miniature, d’une longueur de 67 mètres quand même, créé pour les besoins de l’Exposition universelle de 1935, à Bruxelles, avant d’être mis à profit comme outil de formation des régulateurs du trafic du métropolitain.

Composteur

Au petit jeu de l’attendrissement patrimonial, le bus partait jusqu’à présent avec une longueur d’avance. Il est plus aisé de faire parader un Renault TN (1931-1971) éructant dans la montée de l’avenue de Clichy que de faire réapparaître, à la station Jules-Joffrin, une rame Sprague-Thomson (1908-1935) appartenant à la compagnie Nord-Sud, avec ses wagons rouges pour la première classe et verts pour la seconde classe – la distinction perdurera jusqu’en 1992.

Sous l’impulsion de plusieurs associations, les antiques bus parisiens reprennent régulièrement du service le temps d’un dimanche, mais la RATP a désormais entrepris d’organiser elle-même des sorties – une centaine par an –, pour la plus grande joie des Parisiens. Les plus demandés sont les Renault d’avant-guerre, où l’on accédait par l’arrière sous la surveillance d’un agent portant, suspendu à son cou, un composteur dans lequel il glissait le ticket afin de l’oblitérer dans un petit bruit de crécelle.

Autre modèle culte, quoique dans une moindre mesure, le Saviem SC10 (1965-2002). Ce dernier est reconnaissable à son pare-brise bombé afin d’éviter que la lumière de l’habitacle ne perturbe la vision nocturne du chauffeur. En 1976, la partie arrière d’un SC10 accidenté fut opportunément transformée en plate-forme ouverte au grand air. Cette restauration fortuite de vieilles habitudes parisiennes fut plébiscitée (92 modèles aménagés), mais impossible à pérenniser en raison de l’avènement des bus à moteur arrière.

Porte-chapeau

De l’aveu des gardiens du temple, le métro parle pourtant davantage à la plupart des Parisiens, comme le reflète notamment le succès persistant des visites guidées. Créer un espace d’exposition permanent – quelques matériels sont déjà visibles au sein du siège parisien de la RATP, quai de la Rapée, dans le 12e arrondissement de Paris – permettrait de retrouver les banquettes en bois des voitures d’autrefois, surmontées d’une élégante grille porte-chapeau. Ou encore les portières que certains se faisaient un malin plaisir d’ouvrir avant même l’immobilisation de la rame et les magnifiques lustres Art déco des voitures de la ligne de Sceaux, ancêtre du RER B.

Pour valoriser cet héritage, de nouvelles ventes aux enchères sont prévues, dans le sillage de la première expérience dite « Métro rétro » (171 000 euros récoltés au profit du Recueil social). Réalisée fin 2021, celle-ci avait suscité une razzia sur les poteaux indicateurs, les PILI, les plaques signalétiques émaillées, les cartons de carreaux de céramique, les tourniquets, voire les portières de voiture de métro.

« Les transports parisiens sont présents dans la mémoire collective de toutes les générations, y compris les plus jeunes. Pour eux, la star, c’est Serge le Lapin, le petit personnage en salopette qui met en garde les enfants afin qu’ils ne se pincent pas leurs mains lors de la fermeture automatique des portes du métro », assure Emilie Potonet-Stec, responsable du patrimoine de marque de la régie. Serge le Lapin, qui fait déjà l’objet d’une collection de tee-shirts ou de peluches, devrait voir sa zone de chalandise s’étendre encore, promet la RATP.

Festival du Monde. Parcours : les différents sièges du Monde, samedi 21 septembre à 10 h 30 et à 14 h 30, dimanche 22 septembre à 10 h 30 et à 14 h 30.

Le Festival du Monde en pratique

Les lieux du festival

A l’exception de certains parcours, dont le point de départ vous est indiqué lors de votre inscription, le festival se tient au siège du Groupe Le Monde, 67-69, avenue Pierre-Mendès-France, Paris 13e. Métro : Gare-d’Austerlitz (lignes 5, 10 et RER C). Bus : lignes 24, 61, 63, 89 et 215. Parking : Indigo Paris Cité de la mode-Austerlitz, 29, quai d’Austerlitz, Paris 13e.

Tarifs

Débats et parcours : 15 euros tarif plein, 12 euros tarif réduit, 11 euros tarif abonné.

Spectacles : 19 euros tarif plein, 16 euros tarif réduit, 15 euros tarif abonné.

Ateliers : entre 3 et 10 euros. Les réductions ne s’appliquent pas sur les ateliers.

Rencontres avec la rédaction : gratuit, sur réservation.

Visites du journal : gratuit, sur réservation.

A savoir

Tous les débats sont suivis d’un échange informel avec les intervenants sur le parvis du journal, en accès libre pour le grand public, au Coin des lecteurs, animé par la Société des lecteurs.

Les ateliers comprenant des dégustations de vin sont accessibles exclusivement aux personnes majeures (une carte d’identité sera demandée).

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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