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Histoires Web dimanche, juin 30
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Chercher, chercher encore et toujours. Séverine Chavrier semble ne jamais s’en lasser. A la fois forte et intranquille, elle répète, en ce jour de mai, dans la grande salle de la Comédie de Genève, sa création d’après Absalon, Absalon !, de Faulkner, un des spectacles les plus attendus de ce Festival d’Avignon 2024. Et c’est fascinant de la voir, en cheffe d’orchestre, travailler la pâte de son théâtre total, où la littérature, la musique, la vidéo, la scénographie, les objets, le son et les acteurs fonctionnent ensemble de manière symphonique.

A 50 ans tout juste, elle s’est enfin imposée comme une metteuse en scène majeure, notamment à travers ses lectures réjouissantes, électriques et inédites de Faulkner et de Thomas Bernhard. Elle dirige, depuis juillet 2023, la Comédie de Genève, paquebot ultramoderne doté de sérieux moyens de production. Un parcours sans faute pour cette artiste que sa réputation de surdouée précède ?

Séverine Chavrier, elle, a l’impression d’avoir dû tout arracher au forceps. Quand on l’a découverte, en 2009, dans Do you Remember, no I Don’t, un spectacle de François Verret, c’était en tant que musicienne et interprète. Jeune femme en imperméable beige, elle y poussait un piano à queue en pleurant et criant tout ce qu’elle pouvait, avant d’en extraire des sons percussifs agressifs. « C’était un peu l’histoire de ma vie », s’en amuse-t-elle aujourd’hui.

« Passion hallucinante »

Depuis, on l’a cataloguée comme une musicienne ayant migré vers le théâtre. Mais la question de savoir ce qui est premier chez elle, du théâtre ou de la musique, c’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule. Née dans une famille de médecins mélomanes, elle est très jeune mise devant un piano, « comme il est d’usage dans les familles bourgeoises », dit-elle. Mais elle, ce qu’elle aime, c’est le théâtre, qu’elle commence à l’âge de 10 ans. « J’ai d’emblée beaucoup, beaucoup aimé la scène, se souvient-elle. Mais, quand j’ai eu 12 ans, s’est ouverte à Annemasse [Haute-Savoie], où je vivais, une école de musique qui m’a attirée pour ses méthodes particulières, et là j’ai développé une passion hallucinante pour la musique, grâce à un professeur qui m’a amenée vers un certain répertoire – Debussy, Schumann… Mon père avait une énorme collection de disques, et j’ai beaucoup appris la musique par l’écoute. Mais, très vite, j’ai ressenti une souffrance énorme : j’avais commencé tard, je savais que mon corps, à 13-14 ans, n’allait pas pouvoir rattraper les acquis qu’on est supposé avoir plus jeune. »

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