« Féroces. Une histoire d’infiltrés » sur France.tv : portraits de quatre activistes de la protection animale

FRANCE.TV – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Nina s’exprime le visage caché derrière un masque de renard stylisé, persuadée d’être en danger après avoir infiltré un groupe de chasseurs pratiquant la vénerie sous terre. Autre « infiltré », dans un abattoir bovin cette fois, Thomas s’exprime face à la caméra, visiblement très marqué.

Tiphaine Lagarde, cofondatrice de l’association 269 Libération animale, et Killian, membre de l’organisation de défense des animaux One Voice, complètent le casting de cette minisérie consacrée à ceux, souvent végans et antispécistes, qui ont choisi l’activisme radical, voire illégal, pour défendre la cause animale. En révélant les dessous d’opérations médiatiques chocs, Féroces apporte quelques réponses ; en pointant l’impact psychologique et social sur ceux qui les entreprennent, il interroge.

Les deux premiers opus, Infiltré(s) et Délivrance, suivent ainsi l’élaboration et le passage à l’acte de quatre missions : les infiltrations de Nina et Thomas, particulièrement spectaculaires, mais aussi les actions de sensibilisation du public menées dans la rue par Killian – comme montrer aux passants des vidéos de chasse à courre – et la libération de plusieurs dizaines de poulets élevés en batterie, orchestrée de nuit par Tiphaine avec une quinzaine de membres (un peu longue).

Retracer leurs parcours

Vêtue d’un chemisier en dentelle, Tiphaine a la quarantaine chic propre à la carrière d’avocate à laquelle elle se destinait avant de tout plaquer. Elle justifie aujourd’hui un mode d’« actions directes », non sans rappeler le groupe terroriste des années 1980.

« Certaines images peuvent heurter. » L’avertissement aux téléspectateurs n’est pas à prendre à la légère. Volailles aux pattes brisées, bovins secoués de soubresauts… Jusqu’à la scène montrant des bébés blaireaux exécutés d’une balle dans la tête par des chasseurs qui exultent. En voyant ces images « terribles » filmées par Nina, Virgile, son « référent » associatif, comprend qu’il détient une pépite. Diffusée en plein confinement, la vidéo enregistrera 6,5 millions de vues sur Facebook. Mais Nina est-elle réellement remise ?

« J’avais 5 ou 6 ans quand mon père m’a fait tuer mon premier poulet », rétorque Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs. Le contradictoire est également incarné par une éleveuse de poulets, qui a amélioré les conditions de vie de ses volailles, et par l’avocat d’éleveurs Renaud Le Gunehec.

L’originalité de la production réside dans la volonté de retracer le parcours des activistes, notamment dans l’épisode 3. Depuis le déclic qui les a poussés à s’engager jusqu’aux conséquences dans leur vie privée. « Chaque jour, je pense aux 3 millions d’animaux qui meurent quotidiennement en France… » Un déjeuner en famille, particulièrement bien filmé, montre à quel point Killian se marginalise. « Depuis 2019, tu n’es plus le même », déplore sa mère, qui n’a pas envie de renoncer à sa blanquette de veau.

Seul(s) contre tous, le dernier épisode a le titre juste. Toutefois il peine à conclure. Alors que les intervenants font un effort de tolérance, Killian explique ne plus pouvoir dire « mes chats » pour évoquer les félins qui vivent dans son 50 mètres carrés. « Parfois je me dis qu’ils seraient peut-être mieux ailleurs. » Dans un jardin ? Où ils joueraient cruellement avec un mulot ou un lézard ?