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L’architecte en chef des monuments historiques chargé de la circonscription comprenant l’Isère n’a pas la tâche facile. Depuis le début de l’année, Riccardo Giordano grimpe tous les mois vers la Grande Chartreuse. Le monastère de l’ordre des chartreux, fondé en 1084 et propriété de l’Etat, fait l’objet d’un interminable chantier de rénovation qui concerne actuellement une partie de la toiture, des façades et quelques cellules. La communication avec les occupants des lieux est rendue difficile par leur vœu de silence. Peu de membres de la congrégation bénéficient d’une décharge pour échanger avec Riccardo Giordano. « L’une de nos principales missions est de maintenir la fonction originale du site. Ce qui rajoute toujours des contraintes supplémentaires à la rénovation », reconnaît l’architecte.

Comme le monastère de la Grande Chartreuse, plus de 46 000 monuments historiques sont « protégés » par l’Etat, du fait de leur intérêt historique, artistique, ou encore technique. Parmi eux, une majorité d’églises, des châteaux, des remparts, des lavoirs, des stades, des maisons d’artistes, des parcs paysagers, dont beaucoup ouvriront leurs portes le week-end du 21 et 22 septembre, à l’occasion des 41e Journées du patrimoine.

Des dizaines de milliers de sites resteront, eux, fermés au public. Le diagnostic est sans appel : près d’un quart des monuments français sont considérés comme en mauvais état ou en péril. Le territoire est maillé par 34 000 monuments « classés » sur décision préfectorale. S’y ajoutent 14 200 « inscrits » au patrimoine par le ministère de la culture. Pour tous, entretien, réparation ou restauration sont obligatoires. Cela représente un chantier colossal, des compétences et des besoins de financement abyssaux que l’Etat peine à assumer.

Puits sans fond

L’enjeu de l’ouverture aux visiteurs de ces sites n’est pourtant plus à démontrer pour l’attractivité de la destination France, où 100 millions de visiteurs sont attendus en 2024. En juin, une enquête d’Atout France, l’agence nationale de développement touristique, révélait que 49 % des étrangers découvraient au moins un site culturel et patrimonial pendant leur séjour. De plus, 33 % des Français plaçaient la découverte du patrimoine en tête de leur motivation de visite pendant leurs congés d’été. Les monuments historiques pèsent donc de tout leur poids dans les retombées économiques générées par le tourisme, estimées à 63 milliards d’euros pour 2024.

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Même dans les communes rurales où les touristes se font rares, la préservation des monuments est une activité économique à part entière et un « investissement d’avenir », assure la Fondation du patrimoine. Selon une étude commandée par l’institution, principal intervenant privé dans le financement des monuments protégés, chaque euro engagé dans un chantier génère jusqu’à 21 euros de retombées économiques. La rénovation du patrimoine emploie de la main-d’œuvre locale, alimente une filière de professionnels, préserve des savoir-faire à l’échelle nationale.

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