Faut-il sauver la bulle spatio-temporelle NRJ12 ?

Ce n’est sans doute pas ce que la télévision propose de mieux, mais c’est loin d’être ce qu’elle fait de pire. Alors, pourquoi NRJ12 ? Dans sa décision du 24 juillet, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) n’a pas justifié sa volonté de ne pas renouveler l’autorisation de diffusion de la chaîne du groupe NRJ, en même temps que celle de C8, qui devrait également disparaître de l’offre gratuite de la télévision numérique terrestre (TNT). Si le choix est compréhensible pour la chaîne du groupe Bolloré, qui cumule 7,6 millions d’euros d’amendes à cause des dérapages de son animateur vedette, Cyril Hanouna, il reste plus nébuleux pour sa voisine du canal 12.

L’hypothèse la plus probable serait que le régulateur de l’audiovisuel n’ait pas été convaincu de la viabilité économique de la chaîne, avec ses audiences faibles et sa programmation axée sur des rediffusions. Neuf épisodes consécutifs de séries américaines des années 2010 pour occuper la matinée (Lucifer, Unforgettable), suivis d’une poignée de numéros de l’émission française Une saison au zoo, avant un nouveau tunnel de sitcoms un peu datées (The Big Bang Theory, Mon oncle Charlie…) : voilà en effet le déroulé d’une journée classique sur NRJ12. C’est encore pire le week-end, avec parfois jusqu’à dix-sept épisodes à la suite d’une même série, mâtinés de rares productions françaises un peu plus prestigieuses, comme la série Dix pour cent.

Il y a quelque chose de quasi hypnotisant à suivre ces programmes qui s’enchaînent à l’infini, qui nous font basculer dans une autre dimension spatio-temporelle où l’on perd toute notion du temps et de l’heure, se laissant bercer par les musiques des génériques qui reviennent, encore et encore. Ce n’est qu’en début de soirée que la boucle se brise pour laisser place à un autre type de recyclage, avec des compilations de bêtisiers, un peu de télé-réalité importée ou, plus rarement, des films d’action de moyenne facture.

Campagne de soutien tous azimuts

Pas ce que l’on fait de mieux pour nourrir l’esprit, même s’il faut reconnaître que la chaîne a lâché du lest en réduisant drastiquement la part de télé-réalité, qui avait fait sa marque de fabrique, avec ses productions phares comme « Les Anges de la téléréalité » ou « Tellement vrai », qui mettait en avant des anonymes aux histoires prétendument extraordinaires.

Aujourd’hui, la chaîne se vante d’être celle qui a « la plus forte proportion de 15-49 ans » dans son audience, comme l’a plaidé le président-directeur général du groupe NRJ, Jean-Paul Baudecroux, lors de son audition devant l’Arcom en juillet et, le 10 octobre, auprès du Figaro. « Tout le monde se plaint que la télévision vieillisse ! Et l’on choisit d’écarter une des seules chaînes qui parviennent à parler [à la jeunesse] », a-t-il regretté dans les colonnes du quotidien.

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