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Histoires Web samedi, août 23
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A la guerre, le vainqueur est souvent celui qui sait utiliser le temps à son profit. Les tactiques militaires et les manœuvres diplomatiques dissimulent volontiers des instruments propres à peser sur la temporalité du conflit.

Si de prime abord, la rencontre d’Anchorage [en Alaska, le 15 août] entre Donald Trump et Vladimir Poutine n’a guère fait avancer l’équation ukrainienne, elle a acté la reprise par le premier du principe seriné depuis des années par le second : la conclusion d’un accord de paix avant et non après un cessez-le-feu. Si la méthode de « négocier en combattant » a pu faire ses preuves par le passé – on pense aux pourparlers Kissinger-Le Duc Tho sur le Vietnam, à Paris, entre 1969 et 1973 –, elle exacerbe mécaniquement la violence sur le terrain.

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Mais cette inversion du calendrier a surtout pour effet immédiat de repousser dans le temps toute perspective d’armistice et de prolonger la fenêtre de supériorité militaire dont la Russie estime jouir actuellement. De plus, les objectifs finaux affichés par Moscou sont tellement maximalistes (annexion des territoires non encore occupés du Donbass, contrôle politico-militaire sur l’Ukraine restée « libre ») qu’un accord politique semble être inaccessible parce que inacceptable pour un pouvoir ukrainien indépendant.

Pour faire bonne mesure face à ces renoncements, les Etats-Unis ont rouvert la perspective d’accorder, en compensation d’un « gel » du front (qui serait en réalité une avancée russe), des « garanties de sécurité » à l’Ukraine. Vu de Kiev, le sujet est ancien et a un goût amer. Les premières « garanties » remontent au mémorandum de Budapest, en décembre 1994, lorsque l’Ukraine renonça à ses armes nucléaires en échange d’une promesse des signataires (Russie, Etats-Unis, Royaume-Uni) de respecter « son indépendance et sa souveraineté ».

Un tremplin pour une nouvelle agression

Après en avoir violé l’esprit comme la lettre en 2014, annexant la Crimée et appuyant les séparatistes du Donbass, la Russie signa l’accord de Minsk, paraphé par la France, l’Allemagne et la Biélorussie, s’engageant au « retrait de toutes les unités étrangères du territoire ukrainien ». Dans un cas comme dans l’autre, les promesses n’engageaient que ceux qui y croyaient, aucun mécanisme de contrainte effective ne venant sanctionner la violation de ses engagements par Moscou.

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