En Ukraine, il y a un agresseur russe et un agressé ukrainien. Ce principe fondamental doit continuer à guider l’Europe. Pour autant, la volonté ne saurait exclure la lucidité. Et celle-ci commande d’exposer un certain nombre de vérités, fussent-elles cruelles.
La première est que l’Ukraine est en danger, tant sur le plan militaire que politique. La deuxième est qu’il est vain de rechercher le soutien de Donald Trump, qui n’a pas d’autre objectif que de se débarrasser de l’Ukraine et de marginaliser une Europe qu’il déteste. La troisième est que l’Europe n’est ni assez forte ni assez unie pour soutenir seule l’Ukraine. La quatrième est que le reste du monde, fatigué par cette guerre, ne se montre guère solidaire de nous, surtout qu’a longtemps prévalu, parmi les dirigeants européens, un silence assourdissant sur la tragédie de Gaza, qui commence seulement à être rompu.
Un fait est sûr. Kiev ne peut plus gagner la guerre. Malgré les pertes que s’infligent les deux parties, le front demeure à la fois sanglant et gelé. L’introduction massive de drones et le développement de la guerre électronique ont bouleversé la donne. Ils ont rendu le terrain totalement transparent, donc terriblement létal.
Les Russes se sont beaucoup mieux adaptés à la guerre qu’on ne le dit. Leur maîtrise de la guerre électronique comme celle de la guerre low cost leur confèrent un avantage indéniable. Et même si leurs pertes demeurent phénoménales, leur capacité à générer de nouvelles forces est inépuisable, stimulée par les avantages financiers accordés aux soldats pendant leur engagement et après leur décès à leurs familles.
Un « géonarcissisme » contraignant
Du côté ukrainien, la situation est différente, car le vivier humain est par définition moins grand. De surcroît, le refus d’abaisser l’âge de la conscription au-dessous de 25 ans pose de réels problèmes, que Kiev sous-estime. Les désertions sont fort nombreuses, et trop d’Ukrainiens quittent le pays pour éviter la guerre. Même s’ils ne le disent pas publiquement, les dirigeants polonais estiment, de ce point de vue, que l’Europe subventionne trop de réfugiés ukrainiens, et clairsème, ce faisant, le nombre de combattants potentiels.
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