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Jeudi 21 mars, le groupe communiste du Sénat, avec la complicité du reste de la gauche, et surtout du groupe Les Républicains (LR), fait supprimer l’article de loi autorisant la ratification du CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. L’entente est un peu moins contre-nature qu’il n’y paraît, tant les communistes et la droite ont eu une longue histoire commune de scepticisme envers les traités de libre-échange et l’Union européenne. Bruno Retailleau, alors président du groupe LR, n’a-t-il pas fait ses classes auprès du souverainiste Philippe de Villiers ? En l’occurrence, il s’agissait d’une rare mais possible convergence entre droite et gauche sénatoriale pour s’opposer au gouvernement macroniste. « Ça, c’est sûr, on ne pourra plus trop le faire désormais », reconnaît Ian Brossat (Parti communiste français, PCF, Paris).

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Les trois groupes de gauche (64 socialistes, 18 communistes, 16 écologistes) ne font plus désormais seulement face à la majorité sénatoriale de droite, mais à une majorité bien plus large, liée à la coalition gouvernementale allant de LR aux macronistes. Le groupe socialiste devient de fait au Sénat le premier groupe d’opposition au gouvernement, puisque LR ne peut plus prétendre à cette place. « D’une certaine manière, ça sera plus simple d’être à la fois contre la majorité gouvernementale et la majorité sénatoriale. Jusque-là on faisait parfois quelques contorsions », décrit Pierre Ouzoulias (PCF, Hauts-de-Seine). C’est le retour d’un pur débat droite-gauche, avec encore moins de chances de faire quelques « coups » pour la gauche.

Le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard, se demande quand même si la gauche n’aura pas quelques marges de manœuvre. Le sénateur de l’Isère rappelle quelques alliances de circonstance sur la justice fiscale et la taxation des super-dividendes avec certains centristes. « Et puis des ministres “un peu moins de droite” peuvent vouloir essayer de s’appuyer sur nous pour exister un peu. Le gouvernement n’a pas vraiment de ligne, il n’y a plus la chappe de plomb de Matignon ou de l’Elysée, on pourrait peser sur certains arbitrages », espère-t-il.

Les communistes plus réticents

Les relations sont fluides entre les trois groupes de gauche et leurs trois présidents. Le combat commun contre la réforme des retraites, en 2023, en est un exemple. L’absence d’« insoumis » au Palais du Luxembourg rend aussi ces convergences plus faciles, alors que le groupe socialiste est majoritairement très hostile aux troupes de Jean-Luc Mélenchon. Mais tout cela reste informel et certains s’étonnent qu’il n’y ait pas de temps d’échanges institué entre sénateurs de gauche. Jusque-là, il n’existait que le pot de fin de session, organisé par la questure socialiste, où les membres des deux autres groupes étaient invités. Une fois par an donc.

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