Zhan Jianpeng a tout de l’homme d’affaires qui a bien réussi. Ses baskets Gucci, sa fille partie travailler dans la tech à San Francisco, en Californie, et ces détails qui sautent aux yeux dès l’entrée dans son bureau : une statue du dieu de la fortune et ce grand aquarium où tournent en rond une raie et un gros poisson-dragon. Ce dernier symbolise, lui aussi, la prospérité autant pour la ressemblance de ses écailles avec celles de l’animal emblématique de la culture chinoise que par son prix qui peut grimper jusqu’à 400 euros.
Pourtant, depuis quelques semaines, le patron de la société chinoise de robes de soirée Pretty Lady, installé à Chaozhou, dans la province de Guangdong, a de quoi se faire du souci. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est arrivée de manière si soudaine, totalement inattendue. Elle affecte lourdement ses ateliers, qui emploient 200 personnes. Car M. Zhan s’est particulièrement spécialisé sur le marché américain, essentiellement sur celui des robes pour le bal de fin des années lycée, le prom, que les lycéennes achètent, souvent avec l’aide des parents. Cette demande absorbait, jusqu’au début du mois d’avril, plus de la moitié de la production de l’usine.
Depuis l’envolée des droits de douane imposés par Washington sur les importations chinoises (145 % sur la plupart des produits), les clients américains ont suspendu toutes les commandes et demandé que les cargaisons prêtes à partir ne soient pas envoyées. Tout le monde est en attente. « Il n’y a rien à y faire. Ce n’est pas de leur faute, eux aussi sont dans l’expectative, des deux côtés, les affaires sont affectées », explique le patron de Pretty Lady, en conservant une forme d’optimisme en estimant que la situation n’est pas tenable à long terme pour les deux pays.
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