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Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré, mercredi 4 juin, qu’il préférait que le juge se déplace plutôt que d’extraire Mohamed Amra de sa prison ultrasécurisée. Mardi, l’avocat du narcotrafiquant avait affirmé que son extraction était prévue « la semaine prochaine » pour un interrogatoire dans le bureau des juges d’instruction de la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco).

« Faire sortir des types aussi dangereux d’une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions et qu’on entende soit que le juge se déplace, soit qu’il y ait une visioconférence », a affirmé mercredi le ministre de l’intérieur sur RTL.

« Chaque extraction consomme des moyens du ministère de l’intérieur – et ça coûte cher aux contribuables – mais surtout, à chaque fois, ce sont des risques et nous nous sommes battus sur la loi narcotrafic pour qu’il y ait précisément un dispositif qui rend obligatoire l’audition de ces gens-là par visioconférence », a-t-il ajouté.

« C’est fondamental parce que sinon nos policiers, gendarmes, les agents de la pénitentiaire peuvent risquer leur vie », a encore souligné M. Retailleau.

Lire aussi le récit | Article réservé à nos abonnés Capture de Mohamed Amra : le récit d’une enquête « exceptionnelle », qui « ne fait que commencer »

Lors d’une précédente extraction de Mohamed Amra, déjà détenu pour d’autres affaires judiciaires, deux agents pénitentiaires ont perdu la vie, le 14 mai 2024, et trois autres ont été grièvement blessés. Le narcotrafiquant originaire de Seine-Maritime et surnommé « La Mouche », se trouvait dans un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville (Eure) quand un commando l’avait libéré dans une attaque ultraviolente. Mohamed Amra était ensuite parti en cavale pendant neuf mois, mais a été retrouvé et arrêté le 22 février à Bucarest, en Roumanie.

Cette extraction prochaine a indigné les syndicats pénitentiaires. « Nous sommes outrés et scandalisés de cette extraction judiciaire », réagissait mardi auprès de l’Agence France-Presse Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP UNSa Justice, déplorant que le « principe du recours à la visioconférence » soit « bafoué ». « Si l’on peut comprendre les nécessités de l’instruction et de la présence physique de l’individu, le magistrat aurait très bien pu se déplacer sur son lieu d’incarcération » à Condé-sur-Sarthe (Orne), avait-il estimé.

Gérald Darmanin s’est, lui, dit certain « qu’il ne se passera rien »

« C’est incompréhensible et inadmissible envers nos collègues morts et blessés à Incarville », avait encore insisté Wilfried Fonck. « Aujourd’hui, le magistrat décide si on doit lui présenter le détenu ou non », a par ailleurs pesté Emmanuel Baudin, le secrétaire général de FO Justice, considérant que les magistrats ne prenaient pas « la mesure du danger des extractions de ce type de détenus ».

Sur TF1 mardi soir, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, s’est, lui, dit certain « qu’il ne se passera rien ». Le ministère de l’intérieur, « qui aura la responsabilité de ce transfert, le fait dans de magnifiques conditions, que ce soit le GIGN ou le RAID », a-t-il martelé.

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Le narcotrafiquant de 31 ans, poursuivi notamment pour « meurtres en bande organisée en récidive », est soupçonné d’avoir tenté plusieurs fois de s’évader, avant le drame d’Incarville : quelques jours plus tôt, déjà, deux tentatives d’évasion avaient avorté. Le 7 mai au matin, la gendarmerie avait fait fuir quatre hommes cagoulés signalés dans un véhicule près d’Evreux. Et la veille de la déflagration d’Incarville, un barreau scié a été détecté dans la cellule de Mohamed Amra.

Trente-huit personnes, dont Mohamed Amra, sont mises en examen dans ce dossier tentaculaire, qui a mobilisé des moyens policiers et judiciaires exceptionnels.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Mohamed Amra apparaissait déjà en marge d’une affaire de meurtre en 2020, bien avant son évasion

Le Monde avec AFP

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