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Histoires Web samedi, février 8
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Il y a quelques années, lors des épreuves orales pour l’entrée à Sciences Po, un juré avait plaisanté après le passage d’une jeune fille : « Elle, on va lui mettre des points en plus parce qu’elle n’a pas créé d’ONG. » Entendez là qu’il semble que, lors des sélections pour les grandes écoles, les jeunes bacheliers sont si nombreux à prétendre être investis dans des organisations humanitaires que, lorsque l’un d’eux admet ne pas avoir créé d’association pour changer le monde, c’est un peu d’air frais qui entre dans la pièce.

On ne peut pas blâmer les candidats. Ce ne sont pas eux qui ont inventé les cases « expériences d’encadrement » ou « engagement citoyen » des dossiers d’orientation post-bac des lycéens. Qu’ils soient prêts à tout pour avoir de quoi les remplir est de bonne guerre.

La pression de Parcoursup poussant les enseignants à formuler des commentaires de plus en plus lisses, les élèves n’ont plus que le « bas de CV » pour se distinguer, et seulement quelques mois pour faire du bénévolat. Les lycées le savent et en jouent quand ils ont besoin de volontaires pour leurs portes ouvertes : il suffit de glisser « c’est bien à mettre sur un dossier » et de promettre des « certificats d’engagement » pour multiplier par trois le nombre de candidats.

A quoi on les reconnaît

Leurs parents ont paniqué en entendant que leurs enfants devaient avoir un « projet » pour postuler aux grandes écoles, un mot encore plus intimidant quand il est employé au singulier. On a fait comprendre à ces jeunes gens qu’il fallait qu’une « personnalité » se dégage de leur dossier Parcoursup à un âge où ils ont encore du mal à savoir qui ils sont.

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Ils avaient déjà cumulé les spécialités les plus payantes, toutes les bonnes options, tous les échanges possibles à l’étranger quand ils se sont aperçus qu’il leur restait à cocher les cases virtuelles de l’engagement associatif. Ils ont rejoint le journal de l’école en terminale, le club de débat le samedi, ils sont allés faire des distributions de colis à Noël pour le Secours populaire ou tricoter des minibonnets pour l’opération Noël solidaire des Petits Frères des pauvres. Ils se sont engagés dans des programmes de soutien scolaire de jeunes défavorisés jusqu’à la mise en ligne de leur dossier Parcoursup, et une fois la case « engagement citoyen » cochée ils ont considéré subitement que leurs protégés n’avaient plus besoin d’aide.

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