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CINÉ+ EMOTION – JEUDI 4 JUILLET À 20 H 50 – FILM

C’est un conte d’hiver qui commence sur une plage glaciale de Long Island. Sans bien savoir pourquoi, Joel (Jim Carrey) s’est fait porter pâle auprès de son employeur et est parti pour Montauk, équivalent new-yorkais de Berck-sur-Mer. Sur la plage, il croise une fille aux cheveux bleus. Elle s’appelle Clementine (Kate Winslet), elle est fagotée comme l’as de pique. Joel résiste d’abord à ses avances. Finalement, il y succombe.

Pendant ces premières séquences, plutôt réalistes, très sobres, on oublie chez qui l’on se trouve. Michel Gondry, le réalisateur de vidéos vertigineuses, et Charlie Kaufman, scénariste féru de mise en abyme débridée, laissent tout l’espace et tout le temps qu’il faut aux deux acteurs pour souffler sur les braises de leur idylle, pour repousser la grisaille qui les entoure.

C’est par un petit éloge de l’amour romantique que commence Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Sans lui, sans l’intérêt très fort qu’il suscite pour les personnages, on ne marcherait sans doute pas dans ce labyrinthe baroque qu’annonce le titre, emprunté à un poème d’Alexander Pope (1688-1744).

Car Joel et Clementine ne le savent pas mais ils se connaissent, ils ont vécu plusieurs mois ensemble jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus se supporter. Clementine a profité d’une offre commerciale avantageuse pour faire effacer de sa mémoire tous les souvenirs qu’elle avait gardés de Joel. Et quand celui-ci a pris conscience de l’opération, il s’est précipité à son tour chez le docteur Mierzwiak et a demandé qu’on extraie Clementine de sa mémoire.

Gravité tranquille

Le film devient à la fois l’autopsie d’une liaison et la mise en scène d’une mémoire, avec ses replis, ses pièges, ses angles morts. Il alterne les tribulations des scientifiques et la plongée dans les souvenirs de Joel. Eternal Sunshine of the Spotless Mind ressemble un peu au Voyage fantastique (1966), de Richard Fleischer. Sauf qu’au lieu d’explorer un corps humain en compagnie de médecins miniaturisés, le spectateur est invité à voyager dans les vestiges d’un amour défunt.

En choisissant l’hiver comme saison des amours, Michel Gondry imprime à son film une gravité tranquille, qui résiste aux fantaisies les plus burlesques, sans, par ailleurs, les rendre moins efficaces. Sa banlieue de New York, toute grise, vibre d’une lumière douce, les personnages s’y déplacent un petit peu trop lentement, tant ils sont emmitouflés, et pourtant on devine très exactement les corps.

Celui de Jim Carrey, d’habitude mû par une énergie irrépressible, semble engourdi par la douleur, comme si la vivacité de Kate Winslet l’avait drainé de son surplus d’allant. Plus la nuit de l’opération avance, plus la lutte de Joel pour conserver sa mémoire s’accroît, plus le spectateur régresse, jusqu’à encourager les amoureux amnésiques à se retrouver, comme on acclamait la cavalerie des Etats-Unis afin qu’elle arrive plus vite au secours des héros. C’est là que se situe la magie très particulière d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind, histoire d’amour entre adultes destinée aux enfants de tous âges.

Eternal Sunshine of the Spotless Mind, film de Michel Gondry (EU, 2004, 108 min). Avec Jim Carrey, Kate Winslet, Mark Ruffalo, Kirsten Dunst. Disponible à la demande sur MyCanal.

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