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Sans se prononcer sur le fond du litige qui oppose Associated Press (AP) à l’administration Trump, un juge fédéral a rejeté, lundi 24 février, un recours en référé présenté par l’agence de presse américaine qui souhaite rétablir son plein accès à la Maison Blanche.

L’agence AP a engagé la semaine dernière un recours contre Susie Wiles, cheffe de cabinet de la Maison Blanche, Taylor Budowich, un de ses adjoints, et Karoline Leavitt, porte-parole de Donald Trump, alors qu’elle est interdite d’accès au bureau Ovale et à l’avion présidentiel officiel, Air Force One, pour son refus de se conformer à la nouvelle appellation du golfe du Mexique, rebaptisé en « golfe d’Amérique », par un décret signé par le président républicain. Ce dernier s’en est vivement pris le 20 février à AP, la qualifiant d’« organisation de gauche radicale ».

Pour appuyer sa décision, le juge Trevor N. McFadden a expliqué que AP n’avait pas démontré avoir subi un préjudice irréparable. La Maison Blanche s’est félicitée de la décision et a affiché, sur deux écrans d’une salle de presse, une carte utilisant le terme de « golfe de l’Amérique », recouvert du mot « victoire ».

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« Comme nous l’avons dit depuis le début, poser des questions au président des Etats-Unis dans le bureau Ovale et à bord d’Air Force One est un privilège accordé aux journalistes, pas un droit légal », a-t-elle de nouveau déclaré dans un communiqué. « Il s’agit de la plus transparente administration de l’histoire » américaine, a-t-elle assuré.

La question de la discrimination

Si le juge McFadden a débouté AP de sa demande de rétablissement immédiat de son plein accès à tous les événements de la Maison Blanche, il a néanmoins demandé aux deux parties de lui présenter leurs arguments écrits et a fixé une nouvelle audience au 20 mars. Le juge a prévenu les représentants de l’Etat que la jurisprudence en matière de liberté de la presse ne plaidait pas en faveur de telles restrictions.

« Cela semble être clairement une discrimination fondée sur un point de vue », a dit M. McFadden à Brian Hudak, un avocat du gouvernement, selon un communiqué envoyé par AP à ses clients. « Nous ne disons pas que le président des Etats-Unis doit répondre aux questions d’Associated Press », a plaidé Charles Tobin, un avocat représentant l’agence. « Le problème est qu’une fois qu’il a laissé entrer la presse, il ne peut pas dire : “Je ne vous aime pas. Vous diffusez de fausses informations. Sortez.” », a-t-il ajouté.

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En l’absence de décision, la Maison Blanche est néanmoins libre de continuer à interdire à AP l’accès au bureau Ovale notamment. « Nous attendons avec impatience notre prochaine audience le 20 mars, a déclaré Lauren Easton, porte-parole de l’agence. Nous continuerons à défendre le droit de la presse et du public à s’exprimer librement sans représailles du gouvernement. C’est une liberté américaine fondamentale. »

AP invoque le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse et d’expression. « La presse et tous les citoyens des Etats-Unis ont le droit de choisir leurs propres mots et de ne pas faire l’objet de représailles de la part du gouvernement », selon l’agence qui met en garde contre « une menace pour la liberté de chaque Américain ».

Solidarité des envoyés spéciaux

Dans une note éditoriale, AP a expliqué que le décret présidentiel américain changeant le nom de ce golfe ne faisait autorité qu’aux Etats-Unis, tandis que le Mexique et d’autres pays et institutions internationales n’étaient pas tenus de s’y conformer. « Associated Press y fera référence par son nom d’origine tout en reconnaissant le nouveau nom choisi par Trump », poursuivait l’agence de presse, rappelant que le Golfe du Mexique portait « ce nom depuis plus de 400 ans ».

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L’agence AP, fondée en 1846 par des journaux new-yorkais, qui emploie plus de 3 000 personnes à travers le monde, a publié plus de 375 000 articles, 1,24 million de photos et 80 000 vidéos, selon ses chiffres pour 2023.

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Lors de la conférence de presse entre Emmanuel Macron et Donald Trump lundi, les envoyés spéciaux des médias français à Washington ont, par solidarité, laissé la première question de leur groupe de journalistes à leur collègue d’AP.

La semaine dernière, des dizaines d’organes de presse ont signé une lettre exhortant la Maison Blanche à revenir sur sa politique en la matière. Parmi les signataires figuraient des médias proches de Donald Trump, comme Fox News et Newsmax.

Le Monde avec AP et AFP

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