Un nouveau coup a été porté par l’administration de Donald Trump à la politique vaccinale des Etats-Unis après le licenciement des 17 experts qui composent le Comité consultatif sur les pratiques de vaccination.
Le ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, a annoncé cette décision, lundi 9 juin, dans une tribune au Wall Street Journal, ainsi que dans un communiqué. Il estime que cette révision de la composition du panel est essentielle pour rétablir la confiance du public, accusant le groupe d’experts d’être compromis par des liens financiers avec des sociétés pharmaceutiques.
« Aujourd’hui, nous donnons la priorité au rétablissement de la confiance du public plutôt qu’à un quelconque programme pro ou antivaccin », écrit M. Kennedy, notoirement sceptique sur l’efficacité des vaccins. « Le public doit savoir que les recommandations de nos agences de santé sont fondées sur des données scientifiques impartiales, évaluées dans le cadre d’un processus transparent et à l’abri des conflits d’intérêts », ajoute-t-il.
« Une simple chambre d’enregistrement »
Dans sa tribune, M. Kennedy affirme que le groupe d’experts est « miné par des conflits d’intérêts persistants » et qu’il n’est devenu « qu’une simple chambre d’enregistrement pour n’importe quel vaccin ».
Il précise que de nouveaux membres vont remplacer les experts sortants. Ces derniers avaient été nommés en raison de leur expertise reconnue et ils étaient normalement tenus de divulguer en amont d’éventuels conflits d’intérêts. La prochaine réunion du panel est prévue du 25 au 27 juin au siège des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) à Atlanta.
« Nous assistons à une escalade des efforts déployés par le gouvernement pour réduire au silence l’expertise médicale indépendante et alimenter la méfiance à l’égard des vaccins qui sauvent des vies », a déclaré Susan Kressly, présidente de l’Académie américaine de pédiatrie, dans un communiqué.
« Renvoyer des experts qui ont passé leur vie à protéger les enfants contre des maladies mortelles n’est pas une réforme, c’est une mesure imprudente, radicale et ancrée dans les théories conspirationnistes, pas la science », s’est indigné, dans un communiqué, le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. « Balayer un groupe entier d’experts sur les vaccins ne renforce pas la confiance mais la brise. »
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Le sénateur de gauche Bernie Sanders a dressé le même constat : « Alors que nous devrions renforcer la confiance dans la science et élargir l’accès aux soins de santé, ce gouvernement fait exactement le contraire. Il s’agit de la poursuite de la dangereuse guerre de Trump et Kennedy contre la science. Cela ne peut pas durer », a-t-il dénoncé dans un communiqué.
Robert Kennedy Jr promeut depuis deux décennies la désinformation sur les vaccins, notamment l’affirmation largement démentie selon laquelle le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) est à l’origine de cas d’autisme.
Depuis son entrée en fonction, il a réduit l’accès aux vaccins contre le Covid-19 et a continué à semer le doute sur le vaccin ROR, alors même que les Etats-Unis connaissent leur pire épidémie de rougeole depuis des années, avec trois décès signalés et plus de 1 100 cas recensés, un chiffre qui, selon les experts, pourrait largement sous-estimer le véritable bilan.