Un des fils du célèbre narcotrafiquant mexicain Joaquin « El Chapo » Guzman, cofondateur du puissant cartel de Sinaloa, a plaidé coupable, vendredi 11 juillet, aux Etats-Unis de chefs liés au trafic de drogue, en échange d’une sentence réduite.
Connu sous le nom de « El Raton » (« la souris »), Ovidio Guzman, 35 ans, est le seul des quatre fils du fondateur du cartel de Sinaloa, qui purge, lui, une peine de prison à vie aux Etats-Unis, à s’être entendu avec la justice américaine dans le cadre d’un accord de plaider coupable.
Il s’agit d’une « étape importante pour tenir le cartel de Sinaloa et ses dirigeants responsables de leur rôle dans l’épidémie de fentanyl qui a frappé autant d’Américains », s’est félicité le procureur Jay Clayton, du tribunal de Manhattan.
Ce tribunal de New York avait abandonné le 1er juillet dernier les poursuites pour trafic de drogue contre Ovidio Guzman dans le cadre de l’accord de plaider coupable, qui lui évite un procès mais lui garantit, selon les observateurs, une peine de prison plus clémente que celle de son père, condamné en 2019 à la perpétuité.
Cet accord devait toutefois être signé par Ovidio Guzman et ses avocats devant un tribunal de Chicago afin de le formaliser, ce qui a été fait vendredi. Aucune date n’a encore été fixée pour le prononcé de la peine.
Capturé dans une opération spectaculaire
Dans le cadre de cet accord, Ovidio Guzman a plaidé coupable de deux chefs de conspiration en lien avec le trafic de drogue et de deux chefs de participation aux activités d’une entreprise criminelle, a précisé la justice américaine. Il a aussi reconnu que lui et ses trois frères, connus comme « Los Chapitos », avaient repris les fonctions de leur père au sein du cartel, placé sur la liste des organisations terroristes aux Etats-Unis.
L’accord de plaider coupable « est une véritable victoire pour les Etats-Unis et le Mexique mais aussi pour l’Etat de droit. La famille Guzman a versé tant de sang, répandu la terreur et contaminé les deux côtés de la frontière avec des drogues et des armes mortelles », a déclaré dans un communiqué Ray Rede, agent spécial des enquêtes sur la sécurité intérieure.
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Ovidio Guzman avait été capturé en janvier 2023 dans une opération spectaculaire qui avait fait au moins 29 morts et déclenché d’intenses échanges de coups de feu entre les forces de police mexicaines et des hommes en armes à Culiacan, dans le nord-ouest du Mexique. Il avait été extradé aux Etats-Unis neuf mois plus tard et négociait depuis octobre un accord avec le parquet.
Washington accuse le cartel de trafic de fentanyl vers les Etats-Unis, où cette drogue de synthèse a provoqué des dizaines de milliers de morts par overdose ces dernières années, au point de tendre les relations avec le Mexique.
Obtenir des « informations précieuses » sur le cartel
Cet accord pourrait permettre aux autorités américaines d’obtenir des « informations précieuses » sur le cartel de Sinaloa, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Mike Vigil, un ancien chef des opérations de l’agence fédérale antidrogue (DEA).
Ovidio Guzman pourrait par exemple livrer des informations sur la provenance des précurseurs chimiques utilisés par le cartel pour la production de méthamphétamine et de fentanyl, ou sur des personnalités politiques et du monde des affaires qui lui assurent sa protection.
Le frère d’Ovidio Guzman, Joaquin Guzman Lopez, autre membre important du cartel de Sinaloa, pourrait aussi conclure un accord avec la justice américaine et servir, si ce n’est pas déjà le cas, d’informateur.
Joaquin Guzman Lopez avait été arrêté en juillet 2024 avec Ismael Zambada, alias « el Mayo », le cofondateur du cartel, au Texas, tout près de la frontière mexicaine, après avoir atterri sur place à bord d’un avion privé. Zambada avait déclaré avoir été piégé par Joaquin Guzman Lopez, avoir été kidnappé et emmené de force dans l’avion pour être remis aux autorités américaines.
Dans la foulée de cette arrestation, les affrontements se sont multipliés entre les deux factions du cartel (celle des frères Guzman et celle de Zambada), faisant environ 1 200 morts au Mexique et quelque 1 400 disparus, selon des chiffres officiels.