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Sa fonction de redoutable président de la commission des affaires étrangères du Sénat avait fait de Robert Menendez une figure aux Etats-Unis et à l’étranger pendant des décennies. Mais ni son ancien statut, ni ses supplications devant le tribunal fédéral pénal de Manhattan n’ont amadoué le juge Sidney Stein qui a condamné, mercredi 29 janvier, l’ancien sénateur démocrate à onze ans de prison pour des faits de corruption.

« A un moment de votre parcours (…) vous vous êtes perdu », lui a lancé le juge Stein, cité par le New York Times. « Travailler pour le bien commun est devenu, pour vous, travailler pour votre propre intérêt », a avancé le juge.

Bob Menendez, 71 ans, a favorisé trois hommes d’affaires du New Jersey en échange d’argent et a usé de son influence au profit de l’Egypte et du Qatar. Il a été jugé coupable de trafic d’influence en faveur du Caire, allié militaire de Washington, lorsqu’il faisait la pluie et le beau temps de la politique étrangère au Sénat. La justice a dénoncé « des niveaux choquants de corruption, des centaines de milliers de dollars de pots-de-vin, dont de l’or, du liquide et une Mercedes-Benz ».

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Le parlementaire du New Jersey, chez qui avaient été retrouvés un demi-million de dollars en liasses de billets (480 000 euros environ) et 150 000 dollars en lingots d’or, avait démissionné du Sénat, en août, et annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat sous l’étiquette « indépendant ». Auparavant, le 16 juillet, le tribunal fédéral pénal de Manhattan l’avait reconnu coupable de seize chefs d’accusation de corruption, notamment complot en vue de commettre des actes de corruption, complot pour agir comme agent d’un gouvernement étranger et entrave à la justice.

« Incarnation du rêve américain »

M. Menendez, qui avait interjeté appel de son jugement de culpabilité en juillet, a demandé la clémence de la justice, produisant des lettres de soutien comme celle d’un proche, Donald Scarinci, qui a écrit se sentir « inspiré par Bob, avec l’espoir de changer le monde ».

Ses avocats ont raconté comment le fils d’immigrants cubains a émergé de la pauvreté et du traumatisme du suicide de son père à l’âge de 23 ans pour devenir « l’incarnation du rêve américain », passant du poste de maire d’Union City, dans le New Jersey, à un rôle de poids pendant des décennies au Congrès.

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« Votre Honneur, je suis loin d’être un homme parfait. J’ai commis plus que ma part d’erreurs et de mauvaises décisions, a dit M. Menendez au juge. J’ai fait beaucoup plus de bien que de mal. Je vous demande, Votre Honneur, de me juger dans ce contexte », a-t-il également déclaré. « Je vais vous demander votre mansuétude, pas pour moi, mais pour Anthony », son fils souffrant d’autisme, a encore supplié, en larmes, l’ancien élu américain.

Il s’est rapproché de Trump

Le juge Stein a déclaré qu’il avait pris en compte le service public de l’accusé, son âge et son état de santé pour fixer sa peine. Selon lui, elle s’écarte considérablement des directives en matière de détermination des peines, qui prévoient de vingt-quatre à trente ans de prison. Après le verdict, lors d’une déclaration aux journalistes à l’extérieur du tribunal, M. Menendez, qui n’a pas été immédiatement incarcéré, a abandonné son air contrit pour adopter un ton plus offensif, dénonçant une « chasse aux sorcières ».

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« Je suis innocent », a-t-il proclamé, promettant de faire appel. L’ancien élu s’est aligné sur les récentes critiques du président Donald Trump à l’encontre du système judiciaire, en particulier à New York.

« Ce processus est politique et corrompu jusqu’à la moelle. J’espère que le président Trump va nettoyer le cloaque et restaurer l’intégrité du système », a déclaré celui qui a fait toute sa carrière chez les démocrates des ex-présidents Joe Biden et Barack Obama, mais qui s’est rapproché du président républicain, de 2017 à 2021, et de nouveau depuis le 20 janvier.

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De fait, M. Menendez avait déjà été jugé pour corruption en 2015, mais son procès avait été annulé en 2017, faute d’un verdict unanime des jurés. En 2018, le ministère de la justice – sous le premier mandat Trump – avait demandé à un juge d’abandonner toutes les poursuites contre lui.

Devraient aller aussi en prison les hommes d’affaires Wael Hana et Fred Daibes. Le troisième, José Uribe, avait plaidé coupable sur une partie des poursuites et a collaboré avec la justice.

L’épouse du condamné, Nadine Arslanian Menendez, que les avocats de l’ex-sénateur avaient tenté de faire porter le chapeau, est jugée séparément, avec des suspensions d’audience pour soigner un cancer du sein.

Le Monde avec AP et AFP

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