Nouvelle offensive de Donald Trump contre les médias traditionnels : le président américain a signé, jeudi 1er mai, un décret demandant la fin du financement de deux réseaux publics emblématiques, le Public Broadcasting Service (PBS) et la National Public Radio (NPR), qu’il accuse d’être partiaux.
« Je donne instruction au conseil d’administration du CPB [Corporation for Public Broadcasting] et à tous les départements et agences exécutifs de cesser le financement fédéral de la NPR et du PBS », selon le texte, qui ajoute qu’« aucun média ne jouit d’un droit au financement public garanti par la Constitution ».
Le CPB est le gestionnaire de l’investissement fédéral dans l’audiovisuel public. Son budget a déjà été approuvé par le Congrès jusqu’en 2027, faisant planer un doute sur la portée effective du décret, qui demande au conseil d’administration du CPB « d’annuler le financement direct existant dans toute la mesure autorisée par la loi et de refuser de fournir un financement futur ». « L’ordonnance exige que le CPB révise ses dispositions générales de 2025 pour interdire explicitement le financement direct ou indirect de la NPR et du PBS », selon un document de la Maison Blanche.
Depuis l’investiture de Donald Trump, l’administration a multiplié les critiques et les attaques contre de nombreux médias traditionnels et a pris des décisions pour démanteler certains médias publics.
Le décret sur le financement du PBS et de la NPR, « qui sera probablement contesté en justice, est la plus grande escalade à ce jour de la Maison Blanche dans son attaque contre les médias », estime le média Politico. Donald Trump avait demandé, à la fin de mars, au Congrès de mettre un terme au financement public de ces deux « réseaux horribles et complètement partiaux ».
« Propagande de gauche »
« La NPR et le PBS ont alimenté le militantisme et la propagande de gauche avec l’argent des contribuables, ce qui est tout à fait inapproprié et constitue une utilisation abusive de l’argent des contribuables », affirme la Maison Blanche dans un communiqué séparé, soulignant que ces deux médias recevaient « chaque année des dizaines de millions de dollars de fonds publics, principalement du CPB ».
Pour appuyer ces griefs, la Maison Blanche assure par exemple que, sur une période de six mois, l’émission « PBS News Hour » « a utilisé le terme “extrême droite” 162 fois, mais “extrême gauche” seulement six fois ». Ou encore qu’une étude montre que les élus républicains du Congrès sont soumis à une couverture médiatique beaucoup plus négative que les démocrates.
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Plus largement, le décret affirme que si le financement fédéral des médias se justifiait lors de la création du CPB, en 1967, il est aujourd’hui, « dans un paysage médiatique riche, divers et innovant », devenu « dépassé, non nécessaire » et « corrosif pour l’apparence de l’indépendance journalistique ».
Plus de 40 millions d’Américains écoutent chaque semaine la radio publique NPR et 36 millions regardent chaque mois une télévision locale du réseau PBS, selon des estimations de ces médias. La directrice de la NPR, Katherine Maher, avait estimé en mars que la radio percevrait environ 120 millions de dollars du CPB en 2025, « moins de 5 % de son budget ».
« Dégradation inquiétante »
Cette volonté de l’administration américaine s’inscrit dans son engagement à réduire drastiquement les dépenses publiques. Dans le secteur des médias, cela s’est traduit par son engagement à démanteler l’audiovisuel public extérieur des Etats-Unis et ses radios Voice of America, Radio Free Asia et Radio Free Europe/Radio Liberty.
Avant l’annonce de la Maison Blanche, l’ONG française Reporters sans frontières a dénoncé une « dégradation inquiétante » de la liberté de la presse aux Etats-Unis.
Par exemple, en février, la Maison Blanche a fortement restreint ses accès à l’Associated Press (AP), l’agence de presse américaine, pour ne pas avoir adopté l’appellation « golfe d’Amérique » décrétée par le président Trump à la place de « golfe du Mexique », une décision qu’elle a attaquée en justice.
En avril, M. Trump a tonné contre plusieurs médias américains de premier plan, le New York Times, le Washington Post ou encore ABC News, après qu’ils ont publié des sondages évoquant des taux d’approbation en berne. Il les a accusés d’être « malades » et a affirmé qu’ils devraient faire l’objet d’une enquête pour « fraude électorale ».